Mor Talla Sow alias Per Bu Xar est un comédien atypique qui fait parler de lui de par son talent hors du commun. L’enfant de Guéwoul qui est une valeur sûre du théâtre a bien voulu nous faire connaître ses aventures qui ont forgé son personnage.
D’où vient le nom Per Bu Xar ?
C’est une longue histoire. Vous savez moi j’habite à Guéwoul à 17 km de Kébémer. Il y avait un vieux griot qui habitait là-bas, qui s’appelait Baye Moussa Sène. Il a quitté ce bas monde il y a de cela 4 ans. C’était un beau parleur qui faisait rire tout le monde. Il était quelqu’un que j’adorais beaucoup parce que j’aimais ce qu’il faisait. Je me suis arrangé à enregistrer toutes ses paroles dans une cassette, puis je me suis mis à les répéter en imitant ses gestes et refrains jusqu’à tout maitriser. Après je suis parti à Kébémer pour jouer du « Galayabé ». Arrivé sur scène, je me suis mis à imiter le vieux griot au son du tam-tam avec le refrain : « Per Bu Xar ! ». Un jour on m’invite à nouveau à Kébémer et j’ai fait vivre aux spectateurs la même ambiance qui a fait rire toute l’assistance. C’est à partir de là que Dj Alba m’a appelé Per Bu Xar de Guéwoul pour la première fois. Ce surnom a pris de l’ampleur et tout le monde m’appelle ainsi. Et c’est finalement devenu mon nom d’artiste qui me permet de faire toujours plaisir aux gens.
Pourquoi vous avez choisi de faire du théâtre ?
C’est la question que je me pose. Je peux dire que j’ai fait différents métiers. J’ai vendu du poisson jusqu’à Fouta, j’ai été menuisier, commerçant ambulant, même dans les dernières années, j’étais tailleur. Mais j’ai l’impression qu’à chaque fois que je pratique un métier, je finis par l’abandonner à cause du théâtre. Depuis l’âge de 12 ans jusqu’à présent tout ce que je fais comme, c’est le théâtre qui l’a foutu en l’air. Je pense que c’est mon destin et je l’accepte. Le théâtre est un travail noble, je le fais pour faire plaisir aux gens. Mon objectif ce n’était pas de gagner de l’argent même si certes ça rapporte. Si c’était pour de l’argent on allait abandonner dès le départ parce qu’au début on avait rien et c’était plus fatiguant. On passait des nuits entières en brousse parfois avec la pluie. Je pense que le théâtre, est dans mon sang. Si ça ne dépendait que moi, tout le monde aurait le sourire aux lèvres. C’est l’un de mes rêves.
On dit que vous parlez trop. Pourquoi ce style ?
Le fait de beaucoup parler sans arrêt, c’est de l’inspiration. Quand je le faisais au début, je ne savais pas que je parviendrais à le faire sur scène avec succès. Quand j’ai su que les gens ont beaucoup apprécié, c’est là que j’ai continué pour les faire plus de plaisir. Ceci ne veut pas dire que je suis ainsi. Par exemple si je vais à un spectacle, la façon dont je dois jouer dépendra du public et du milieu. Avant de monter sur scène, je constate quel genre de public j’ai affaire. Parce que la façon dont je joue pour un public jeune n’est pas pareille quand j’ai affaire à des adultes. Je ne vais pas jouer du « Mickael Jackson » devant des personnes âgées et vice versa.
Est-ce que vous êtes comme ça chez vous ?
Pas du tout, je suis un peu moins bavard chez moi. Je n’aime pas trop parler en général.
Comment vous est venue l’idée de « Brigadier Per » ?
Vous savez il y a six ans de cela, je suivais beaucoup de téléfilms. J’ai constaté que toutes les télévisions diffusaient le même style de théâtre. Parfois, il m’arrive de regarder les grandes chaines comme TV5 et je constate qu’à chaque fois qu’elles diffusent des séries de téléfilms, soit c’est ceux des pays comme la Côte d’ivoire, le Mali, le Nigéria…qu’on voit. Rarement j’ai vu un téléfilm Sénégalais. Je me suis dit qu’il y a problème. Je me suis posé des questions et j’ai même fait des sondages en demandant aux gens. Ils m’ont fait savoir qu’au Sénégal les acteurs adoptent le même style théâtral, alors cela impressionne peu ces chaines internationales. C’est pourquoi je me suis dit qu’il faut que j’adopte un style différent de celui des autres comédiens qui m’ont devancé et je l’ai fait. Je me suis dit pourquoi pas le rôle d’un brigadier dans un commissariat. Le premier jour où je l’ai interprété c’était lors d’une ouverture du foyer d’école de Guéwoul et les gens ont apprécié. C’est là que j’ai pris conscience que c’est un rôle intéressant. Au festival du rire de Kaolack, je l’ai interprété à nouveau et le public a aimé. C’est là que la Maitre Diop alors directeur Général de laTFM m’a contacté pour jouer cette série qui a eu un succès.
Justement en parlant de TFM, vous avez un contrat avec elle?
Oui ! J’ai signé un contrat avec la TFM. Je n’ai pas en tête l’idée de la durée car cela fait longtemps que je n’ai pas jeté un coup d’œil sur le dossier. Mais je pense que ce n’est pas loin de finir. Mais jusqu’au moment où je vous parle je suis encore sous contrat avec la TFM.
Est-ce que c’est pour dénoncer des tares des polices que vous interprétez ce rôle ?
Il y a des choses qui ne sont pas faciles à expliquer. Beaucoup de gens m’ont posé cette question et certains croient à cela. Mais c’est tout à fait le contraire du message que je véhicule. Tout ce que je fais, c’est pour faire rire aux gens d’une autre façon. C’est juste pour apporter un nouveau style. Ce n’est pas pour dénoncer faire du mal aux policiers, parce que je suis un artiste et je dois regarder ce qui construit pour le faire. Mais je ne ferai pas ce qui détruit à plus forte raison saboter la police. Pourtant des hommes de tenue apprécient beaucoup « Brigadier Per ». Il arrive qu’ils me taquinent quand qu’on se rencontre.
On vous voit souvent faire des déclarations d’amour aux femmes. Quels sont vos rapports avec la gent féminine ?
Tout ce que je joue ce sont des scénarios qu’on écrit et j’y pense mettre de la comédie. Parfois on me fait jouer une scène que je n’ai pas écrite. Par exemple on me dit: « Per Bu Xar à la plage doit trouver des filles en train de se baigner en bikini en plein ramadan ». Imaginez la suite. Un autre exemple j’ai monté en circulation puis j’ai arrêté des voitures pour qu’une femme traverse. Les gens pensent que je l’ai fait parce qu’elle m’intéresse alors que je l’ai fait par respect que je porte aux femmes. Mais je ne pouvais pas m’arrêter là, ça n’aurait pas de sens, il fallait que je la courtise pour mieux développer le scénario sinon ça devient facile si je la laisse partir. Quand j’étais jeune d’ailleurs jusqu’à présent je le suis, il me fallait dix jours de préparation pour dire à une fille que je l’aime, parce que je n’osais pas. Et je sais que cela est arrivé à tant d’autres. Il fallait chercher un alibi pour la rencontrer et lui déclarer ta flamme soit en cours de route ou chez elle. Dès que je commence à parler, j’ai envie de lui raconter tous les détails avant qu’elle ne me prenne la parole. C’est ce que j’ai essayé de faire ressortir sur scène.
Ces temps-ci vous êtes très sollicité. Vous devrez être riche…
Je rends grâce à Dieu car je ne me plaints pas. J’arrive quand même à apporter quelque chose à la famille et j’ai une femme et un gosse et j’arrive à satisfaire mes besoins. Certes je n’ai peut-être pas encore réalisé mes projets et j’ai encore besoin de fonds pour le faire. Mais actuellement, je rends grâce au Tout Puissant.
Quels sont vos rapports avec Sa Neekh ?
C’est comme un grand frère, je l’admire beaucoup et on s’entend parfois au téléphone. D’ailleurs, il m’a prodigué beaucoup de conseils et a contribué à ma perfection dans le théâtre. Je ne cesserai jamais de le remercier pour cela.
On dit que les filles courent derrière vous ?
Ce n’est pas vrai, ce sont des rumeurs que des gens racontent. D’habitude je ne sors pas beaucoup. Si je le fais, c’est pour aller à un spectacle ou à la TFM. Depuis que vous êtes venu ici (son domicile) vous n’avez pas vu de filles et ou vous pouvez rester jusqu’au lendemain, jamais vous verrez une fille me demander.
Mais elles vous appellent souvent au téléphone…
S’agissant du téléphone je trouve cela normal. Ce sont des fans qui m’appellent pour discuter et rien de plus. Un artiste n’a que ses fans. Mais je suis marié.
Est-ce que vous songez à prendre une seconde épouse ?
(Rires) Je n’ai rien à dire à ce sujet. Mais un homme a droit à quatre femmes, je pense qu’il faut le mettre dans les projets car ce n’est pas d’actualité.
Interview réalisée par Cheikh Camara COKA