L’enseigne lumineuse nouvellement installée à l’entrée de la ville, très chèrement facturée au Maire Moustapha Diop, a enregistré ses premiers dommages dans des circonstances que nous ignorons encore. Cela intervient moins de deux mois seulement après son édification, confortant ainsi les propos d’un confrère qui, en pleine discussion, nous faisait remarquer que même le passage d’un camion surchargé de foin pourrait venir à bout de ce petit bijou que d’aucuns assimilent à un gadget.
Du côté du promoteur, on ne s’est pas seulement contenter de vite crier au sabotage, on a aussi fait revenir l’entrepreneur qui s’est affairé autour de l’objet pour remettre les choses à l’endroit. Les traces encore fraîches des réparations s’offraient à vu d’œil lors de notre passage sur le site le dimanche 5 février. Pourtant, toute une communication avait été faite par un certain Baye Séye, présenté comme Ingénieur en son et lumière en charge des travaux. « Cet ouvrage respecte les normes de la CEDEAO en matière de construction d’enseigne lumineuse de cette nature. Il n’y a pas deux au Sénégal. C’est un gros investissement qu’il faut saluer ». De l’ouvrage, on avait dit mesurer 5,30 m de hauteur, 10 m de large, et contenir 100 ampoules de part et d’autre, selon qu’on entre ou sort de Louga. Son coût était estimé à plus de douze millions de francs Cfa. « Bienvenue à Louga » d’un côté, « La Mairie vous remercie et vous souhaite bonne route » de l’autre, c’est ce décor que Diop a fini de planter à hauteur du tableau de la Cbao après la Spia sur la porte sud-ouest de Louga. Cette enseigne, même si le Maire l’a payé de sa propre poche, pose encore le débat sur les méthodes peu orthodoxes de l’équipe qui tient les rênes de la ville de Louga. L’opacité a fini de s’ériger en système.

Manquer de respect aux lougatois, c’est leur offrir tout ce que l’on veut sans ne rien leur faire comprendre de l’origine de ce avec quoi on fait. Même si nous sommes loin de soutenir que les ressources, ayant servi à construire cette enseigne, proviennent par exemple de la drogue, nous ne serions pas étonnés, au constat de la frénésie avec laquelle l’argent flambe, d’entendre dire que cette denrée prohibée en était la provenance. C’est pour réaffirmer tout simplement que là où Moustapha Diop et son équipe ont un devoir de transparence, les lougatois ont non seulement un devoir de savoir, mais aussi le droit d’exiger de ceux à qui ils ont confié les clés de la cité. Aujourd’hui à Louga, la confusion est telle qu’on ne sait plus qui fait quoi et avec quels moyens. On ne sait plus si c’est la Mairie, l’Etat, Moustapha Diop, Pablo Escobar ou un autre. Il est même courant de rencontrer un conseiller municipal qui ne sait rien des actes qui sont posés concernant la Commune. « Li fi Tapha def » reste la seule rengaine pendant qu’agir pour une collectivité doit obéir à certaines normes. Cela dénote à quel point est informelle la relation que le Maire de Louga entretient avec sa ville.

S’il y a un autre Diop dont le contact avec Louga a été des plus dynamiques, c’est bien le Préfet Alyoune Badara du même nom. Lors de la dernière réunion du Conseil des ministres, il a été promu au poste de Secrétaire général de l’Agence de l’Informatique de l’Etat (ADIE). Il y a moins de deux ans, exposé par son statut de Préfet de Dakar devant faire les frais des démolitions de la Cité Tobago, il se voyait exiler à Louga. Maintenant qu’il va repartir, on ne peut pas dire que Louga a été un purgatoire pour lui. Son passage laisse l’image d’une autorité proche des bonnes causes, et que la communauté dans sa diversité est parvenue à adopter en si peu de temps. L’Y d’ Alyoune, nous disait-il lors de son premier contact avec la presse locale, résulte d’une certaine influence sur son père arabisant. Ses empreintes les plus visibles seront sans doute le nouvel état d’embellissement dans lequel il a mis le siège de la Préfecture, et Les Mercredi du civisme, qui consistent à une levée des couleurs dans une école donnée en présence des représentants des forces de défense et de sécurité. De lui encore, se souviendront certainement pour le restant de leur vie certains personnages bien connus de l’espace public lougatois.

Très matinalement, il avait pu les délivrer d’un naufrage, amorcé une nuit sur la voie publique, en flagrante situation d’imposture. Bon vent, Monsieur le Préfet, que la baraka du Ndiambour vous accompagne !
Par Pape DIAKHATE

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