Si, depuis longtemps les Etats Unis d’Amérique sont restés la première puissance mondiale, c’est, au-delà de leurs capacités économiques et militaires, dû en grande partie à leur rayonnement culturel.

Il n’est pas besoin de rappeler que la culture, en tant que marque de l’identité d’un peuple se manifeste à travers les arts visuels, les arts vivants, la gastronomie, la langue, le sport, les distractions….bref, la manière d’être.

Dans ce sens, « l’American way of life » a fini de s’imposer comme style de vie dans la quasi-totalité de l’univers qui est maintenant et à juste raison appelé village planétaire.

Un peu partout à travers le monde, on porte le jeans, on mange via fast food, on boit coca cola, on consomme le cinéma hollywoodien et on est bercé par la musique américaine.

Face à cette déferlante culturelle, entrainant à la longue un conformisme à grande échelle symptomatique d’une aliénation regrettable des peuples, des pays et organismes internationaux, conscients de cette donne, ont pris des initiatives en guise de solution.

C’est ainsi que la France, à partir de 1959, avec André Malraux, Ministre de la Culture à l’époque, a commencé à prôner le concept d’exception culturelle au niveau national d’abord. Puis Paris, la ville lumière a porté le combat pour l’extension du concept en Europe (espace Schengen) et finalement à l’échelle internationale. A ce titre, les vingt-sept ministres du commerce européens, réunis en Juin 2013 à Luxembourg se sont mis d’accord pour exclure le secteur de l’audio-visuel des négociations commerciales.

Au bout du compte, l’exception culturelle, après son adoption par l’OMC, permet surtout aux pays pauvres de taxer fortement les œuvres artistiques venues d’ailleurs pour protéger leur propre culture et épargner ainsi ce domaine du rouleau compresseur de la mondialisation.

En outre, la France fait des efforts considérables pour impulser et tenir debout la Francophonie qui, en réalité, est une contre-offensive face à l’essor fulgurant de l’anglais.

Sur cette même lancée, la Corée du Sud qui est devenue à partir de 2007 la treizième puissance économique mondiale avec un produit intérieur brut (PIB) de 969795 dollars/habitant[1] ne cesse d’investir pour la promotion de sa culture. Les autorités de ce pays ont parfaitement compris que cette performance économique ne saurait prospérer durablement sans une politique culturelle dynamique et conséquente.

A cet effet, au début des années 90, la politique sud-coréenne adoptée dans ce sens a connu un succès retentissant. Elle eut comme résultat un boom du secteur culturel sans précédant communément appelée Hallyu[2] en référence à la rapidité de diffusion de la culture de ce pays aux niveaux national et supra national à travers des séries télévisées, la musique, le cinéma, les bandes dessinées, etc.

Force est de signaler que toutes les composantes de cette culture, et plus particulièrement les kdrama[3] contribuent à promouvoir les valeurs chères à ce peuple.

Au Sénégal, autant il est satisfaisant de relever que de grandes figures tels que Léopold Sédar Senghor, Sembène Ousmane, Doudou Ndiaye Rose, Alpha Sow, Ousmane Sow (paix à leur âme), Youssou Ndour, Baba Maal, Viyé Diba, Samba Diabaré Samb, Collé Sow Ardo, entre autres, ont porté haut le flambeau, autant il est malheureux de constater que des pans entiers du legs de nos ancêtres risquent de passer aux oubliettes au grand dam des générations futures.

Par exemple, les aspects culturels de la circoncision au sein des communautés Ouolof, Sérère et Diola tels que les chants, les devinettes, les rites très formateurs sont presque méconnus de la jeune génération actuelle.

Dans le domaine des loisirs, des jeux comme le «wouré», le « langa boury», le «lo lambé», le «gar»… qui étaient très populaires dans un passé récent sont maintenant presque inconnus du fichier des activités ludiques des enfants malgré leur dimensions instructives.

Sur le plan culinaire, des recettes traditionnelles comme le «nialang», le «lakhou bissap», le « lakhou thiakhane», le «ndiorni», le «ngourbane»… disparaissent peu à peu de nos menus.

Dans ce même registre, le masque qui est un élément central de l’art traditionnel est peu valorisé, de même que le style vestimentaire, la musique, la danse des différentes ethnies du pays.

Ainsi la plupart des éléments et valeurs qui caractérisaient l’identité de l’homo senegalensis sont actuellement en perte notoire de vitesse.

La pudeur, l’amour propre, la retenue qui étaient des valeurs cardinales dans nos sociétés traditionnelles ne sont plus érigés en règles dans notre vécu quotidien. En attestent les scandales de mœurs récurrents relatés à travers les réseaux sociaux.

En somme, ces exemples montrant que le patrimoine culturel matériel et immatériel du Sénégal se rétrécit de plus en plus comme une peau de chagrin peuvent être énumérés à souhait.

Au vu de toutes ces considérations, le référentiel économique que constitue le Plan Sénégal Emergent gagnerait à insister davantage sur la mise en œuvre des projets culturels structurants.

Papa Sara Ndiaye

Professeur d’Education Artistique

Conseiller municipal Commune Dahra Djoloff

Président Commission Arts et Culture

papsarandiaye@gmail.com

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