Des policiers dealers de drogue ! Ce thème a suscité un intérêt majeur durant toute la semaine écoulée. Et comme nous le savons tous, c’est le commissaire divisionnaire, par ailleurs désormais ex Directeur général de l’Office central pour la répression des trafics illicite de stupéfiant (Ocrtis) Cheikha Cheikh Chadbou Keita qui est passé par là. Il a expliqué dans un rapport qu’il a lui même écrit, à son arrivée à cette direction stratégique de lutte contre la drogue, que l’actuel chef de la Police ainsi que son prédécesseur sont des dealers de drogue.
Mais depuis que l’affaire a explosé et mettant à nu, l’actuel Directeur général de la police nationale(DGPN), Abdoulaye Niang, même son prédécesseur Codé Mbengue, la presse a accordé une importance majeure à cette grande révélation faite par le journal Le Quotidien.
Le plus cocasse dans cette intrigue, c’est cette prise de partie de certains organes de presse entre les personnes citées et le commissaire Keita qui a confectionné et rendu public via la presse, le contenu de ce rapport rocambolesque explosif donnant une idée de notre société, en miniature. Alors l’on peut aisément se poser la question de savoir, qu’est –ce qui a motivé cette singularisation de la presse à de telles prises de position. Le plus marrant, c’est que certains quotidiens, même des sites d’information sont allés jusqu’à revisiter à leur manière, le passé du commissaire Keita.
Vous savez quoi, comme argument, on relatait que ce dernier avait créé un bar, quand il servait, on ne sait où. Dès lors, la question qui devrait tarauder forcément l’esprit de plus d'un est de savoir est-ce que la vente de la boisson alcoolisée est interdite au Sénégal. Quelle bassesse ? Osons le dire et disons le tel quel ! Car au lieu de s’en tenir à ça, ils sont allés plus loin jusqu’à avancer que le commissaire Keita a fait ce « déballage » parce qu’il garderait une dent contre l’actuel DGPN d’une part et de l’autre, que le commissaire Keita lui-même a par deux fois rencontré le trafiquant Austin à hauteur du Centre international de commerce extérieur du Sénégal (Cices) et que l’argent qu’il gagnait avec ce dealer nigérian servirait au tournage de clips des ses enfants musiciens Le « Takeifa ». Comment ça ?
Est-il interdit à ce que, aussi simple agent de police soit-il, dans le cadre du travail, puisse accepter certaines offres (comme rencontrer une personne), tout en gardant l’étique et la déontologie de son métier, pour peaufiner une stratégie ? D’ailleurs, même les journalistes le font, jusque dans les bars. Mais en aucun cas, cela ne pouvait forcément justifier que le commissaire Keita est un dealer. Et qu’il serait contre l’actuel DGPN, raison pour laquelle il s’est comporté de la sorte. C’est comme si ces organes voulaient jeter le commissaire Keita aux chiens et épargner ou protéger l’actuel et l’ancien DGPN.
N’est-il pas temps aujourd’hui, que nous prenions le taureau par les cornes. Notre société, ne connait-elle la culture de la dénonciation ? Chacun de nous est à même de répondre à cette interrogation. Mais ce qui est important sur cette sortie de M Keita, c’est cette bombe d’information inimaginable devant un fait qui prend de l’ampleur dans notre pays.
En 2006, 2007 une importante quantité de drogue avait été saisie dans la Petite Côte. A l’époque, « une grande personnalité »était ministre de l’économie maritime. Mais personne n’en connaît la suite sur cette affaire. Mais le cas du DGPN est extraordinairement exceptionnel, car touchant le patron des patrons de la Police.
Au nom de la santé publique, au nom de la lutte contre la corruption, l’argent facile, de la protection des jeunes contre ce fléau, devons-nous taire parce que le DGPN est un parent, un ami, bref un proche d’une même confrérie, de la même région, d’une même constituante linguistique que nous devons la protéger, non ! Il est temps qu’on sonne la fin de la récréation prôné par une gouvernance « vertueuse et sobre » D’ailleurs, quand le commissaire a soulevé ce grand lapin, est- ce à nous de l’attraper. Non encore ! Mais c’est plutôt la Justice. Que la justice fasse alors son travail, et que s’arrête ce bla-bla passionnel et évitons les prises de position à l'allure d’une presse droguée.