Depuis un bon moment, un débat alimenté par les séries de crimes au Sénégal pose le problème de l’insécurité particulièrement à Dakar. Ceux qui proposent le renforcement de la présence des forces de l’ordre pour dissuader délinquants et criminels peuvent avoir raison, mais il s’est trouvé que la majeure partie des crimes n’est pas liée à un problème d’insécurité en général, mais souvent à des conflits sociaux avec l’argent au centre. Ce n’est pas le vieux diction italien;” là où il y a l’argent, délinquants et criminels sont proches”. Est-il possible de placer gendarmes, policiers et militaires dans toutes les familles ou prévoir tous les conflits entres personnes qui se connaissent et qui ne trouvent très souvent qu’une solution pour régler leurs différends dus à l’argent: le meurtre. D’autres proposent la peine de mort comme meilleure solution contre les multiples meurtres; ce débat revient pour la troisième fois dans notre pays: l’assassinat de Demba Diop, l’attentat manqué contre le président Senghor et aujourd’hui avec l’assassinat de la vice présidente du C.E.S.E. Combien de crimes crapuleux contre le simple citoyen sénégalais et même d’un haut dignitaire de la justice et jamais ce débat n’a été posé; la vie du politicien a-t-elle plus de valeur que celle du citoyen qui l’a élu?. Bref ce débat n’est pas à l’ordre du jour. Le plus important est de se poser la question, pourquoi le sénégalais qui a eu toujours peur du sang est capable aujourd’hui de jouer avec la vie d’autres sénégalais, pourquoi nous sommes devenus violents nous qui sommes éduqués dans la “téranga”? Le mal est dans notre société; “ chaque société a sa criminalité, sa propre délinquance qui la suit comme son ombre, quand un de ses membres accomplit un acte répréhensible, un délit, il représente en quelque sorte cette société dans laquelle il vit” et comme le précise le sociologue américain Thorsten Sellin: “ qui comment un délit le fait parce qu’il est fidèle aux normes de conduite de son propre groupe social, pour lui son comportement est légal car est en phase avec les valeurs sociales qu’il est entrain de vivre”. Donc n’est il pas temps de se demander si la société dans ses changements n’a-t-il pas armé le bras de ces meurtriers pour ne pas dire n’ a t il pas pesé sur la psychologie de ses jeunes meurtriers pour les porter à l’action. S’il est prouvé que le meurtrier de la vice présidente aurait besoin de 300.000 Francs pour la dote de la fille qu’il veut épouser; alors qui est plus responsable que la société sénégalaise et ses nouvelles normes érronnées basées seulement sur les possibilités financières du citoyen. L’unique critère pour être reconnu membre de la société sénégalaise est d’avoir de l’argent, beaucoup d’argent. On crie partout ce danger des islamistes qui recrutent nos jeunes pour en faire des meurtriers, ils recrutent en cachette en un nombre réduit, notre société est plus dangereuse car ses nouvelles normes sociales basées sur l’avoir a poussé tout le monde vers le gain facile et illicite. Les sénégalais ont enterré leurs valeurs morales du passé et aujourd’hui en payent un fort et ne comprennent plus ce présent virtuel fondement d’un futur social ténébreux; René Rémond a raison: “ comprendre son présent est impossible à celui qui ignore tout de son passé, etre un bon contemporain c’est avoir conscience de ses héritages consentis ou contestés”. Incompétents et impuissants devant cette situation que notre société a créée, l’unique solution que nous avons trouvé est le durcissement de la sanction pénale. La peine de mort élimine un criminel du moment, mais ne change pas le contexte du crime, ni les valeurs sociales qui nous portent tous vers le crime. Dans ce contexte le droit pénal ne se présente pas seulement comme un instrument de prévention mais de satisfaction de la famille de la victime. Les fonctions de la sanction pénale n’ont jamais socialement servi à quelque chose, et n’ont jamais permis d’éradiquer le mal sinon pourquoi les prisons sont pleines et souvent de récidivistes? Dans son caractère rétrubitif pour le dommage social du délit, son caractère di rééducation pour rémédier aux différents facteurs qui ont porté le sujet à commettre un délit, dans son caractère d’amendement pour changer l’attitude mentale du sujet àcommettre un délit pour prétendre à sa réhabilitation sociale et à son caractère de prévention pour faire éviter aux autres de commettre un délit, la sanction pénale n’a pas donné de bons résultats vu le nombre de prisonniers, les nombreux délits et crimes. Donc il est temps de penser à un système de prévention sociale générale capable d’etre des garde-fous sociaux pour un controle social efficace. De toute façon, l’école comme un haut lieu de transmission des valeurs morales et civiques de notre société ne répond plus présent. Elle ne parvient plus à s’occuper de la sociabilité de l’enfant car incapable de transmettre les valeurs liées aux respect de la personne humaine et l’éducation morale qui doit se traduire par le respect de toutes les catégories de la société et par le refus d’attenter à la propriété d’autruis. Jules Ferry peut il avoir raison dans notre pays quand il disait. “I a paru tout naturel que l’instituteur en meme temps qu’il apprend aux enfants à lire et à écrire, leur enseigne aussi ces règles élémentaires de la vie morale qui ne sont pas moins universellement acceptées que celle du langage ou du calcul”. L’application des règles morales doit passer par l’enseignant; c’est de son attitude, de son comportement, de sa manière de vivre les valeurs de notre société sénégalaise que ses élèves se souviennent. Malheureusement, l’enseignant d’aujourd’hui est juste un MP3 ou un MP4 qui enregistre des connaissances qu’il pense bien transmettre à ses élèves car ne dispose meme pas d’un modèle sur d’évaluation; ce ne sera pas une surprise si un député du Sénégal présente un projet au parlement pour changer le nom du ministère de l’EDUCATION nationale en ministère de l’INSTRUCTION publique. Face à la recrudescence des délits et crimes,il ne s’agit pas seulement de punir mais de rééduquer, de sauver et de prévenir. La politique sociale est la meilleure politique criminelle, elle peut etre définie comme la prévention des comportements socialement indésirable. Pour celà la prévention et/ ou la politique sociales ont pour fonction d’éliminer ou d’atténuer les causes de la criminalité et de la délinquence. Pour notre pays ce ne sera pas une sinécure car nos nouvelles normes sociales basées sur l’argent inventées par notre génération est une des causes principales de ces nombreux délits et crimes. Dans ce travail de prévention sociale générale, l’Etat sénègalais dispose d’importants instruments socio culturels capables de jouer leurs partitions, d’autant plus que tous ceux qui ont commis crimes et délits ont fait un passage ou sont membres de ces groupes socio culturels: ce sont les tarikhas, les dahiras, les associatione oecuméniques, le mouvement navétane, les écuries de lutte, les groupes de théatre, de musique surtout de rap, les communicateurs traditionnels etc. N’est pas arrivé le moment pour notre justice de penser à un système alternatif pour les délits mineurs, évitant de mettre tout le monde dans la meme prison; les plus dangereux peuvent influencer les moins dangereux et peuvent meme etre leurs emissaires finissant leur peine. N’est il pas possible pour un juge d’utiliser notre système matrilinéaire comme alternatif; envoyer le neveu qui a fait un délit mineur chez son oncle avec la surveillance de la police ou de la gendarmerie plus proche. Ce sont des éléments sociaux de restauration du controle sociale,de rééducation et d’élaboration des valeurs morales et d’orientation vers nos propres valeurs pour enrayer certains types de comportement sociaux engendrant violence et mort. Cette forme de prévention sociale permettra de détourner cette quasi généralisation de nombreux jeunes à commettre des crimes car sont capables de leur montrer la non raison de leur raison à etre des déviants sociaux.
IL ne s’agit pas de renoncer à toute prévention pénale, ni de renier à un système judiciaire mais de mettre en symbiose beaucoup de systèmes capables de nous aider à sortir de notre catastrophe sociale car il est évident que “ le droit pénal est l’extreme ratio de toute politique sociale, mais aussi dans toute société démocratiquement organisée la sanction pénale représente le plus simple schéma logique du rétablissement du droit d’une personne violée par un délit”.
Donc l’adage le dit “ à quelque chose malheur est bon” ces nombreux crimes ont ébranlé plus d’un et à tous les niveaux de notre société, chacun à son niveau est inquiet et propose une solution de sortie de crise. Le sénégalais est habitué à oublier quand passe la tempète; j’espère que ce ne sera pas le cas cette fois; “ si le rythme change, la danse doit changer” . Tout le monde doit s’atteler à cette noble tache sociale:” Si quelqu’un ne court aucun risque pour une idéé, ou l’idéé ne vaut rien, ou lui meme ne vaut rien”
Par Magatte Simal