Les maladies cardio-vasculaires constituent la première cause de mortalité au Sénégal et 24% des adultes sont hypertendus. Pour lutter contre ces maladies, une randonnée pédestre est prévue ce dimanche par la société sénégalaise de cardiologie.
La société sénégalaise de cardiologie (Sosecar) célèbre la journée mondiale du cœur, ce dimanche 23 octobre. Pour ce faire, une randonnée pédestre est prévue le même jour. Selon le professeur Serigne Abdou Bâ de l’hôpital Aristide Le Dantec qui présidait hier une conférence de presse, les maladies cardio-vasculaires sont les premières causes de mortalité au Sénégal. ‘’Il est donc temps pour nous pays à ressources limité d’agir car, l’hypertension artérielle a une prévalence de 24% dans la population adulte au Sénégal. Ça, c’est une moyenne nationale, mais si vous allez dans certaines régions, la prévalence va augmenter jusqu’à 30, 40%. On l’appelle aussi le tueur de l’ombre parce que beaucoup de gens sont hypertendus, sans le savoir. Elle se manifeste très souvent par une complication AVC et autres’’.
En effet, le professeur souligne que l’une des principales causes des accidents vasculaires cérébraux, c’est l’hypertension, ‘’ce tueur silencieux’’. Dans de rares cas, explique-t-il, elle se manifeste par des vertiges, des maux de tête, des bourdonnements d’oreilles qui poussent le malade à aller consulter. ‘’Quand une personne est hypertendue, cela veut dire que c’est un traitement à vie. On ne connaît pas la cause de l’hypertension artérielle. Cette hypertension peut se compliquer d’AVC, d’insuffisance cardiaque, d’insuffisance rénale. Les médicaments coûtent cher. On a beau mettre des génériques, mais c’est cher. Certains abandonnent leur traitement parce qu’ils n’arrivent pas à poursuivre le paiement’’, indique Pr. Bâ.
Cette journée est célébrée tous les ans, le dernier dimanche du mois de septembre. Cette année, elle a été différée. Le thème est : ‘’redynamiser votre vie’’.
80 cardiologues au Sénégal
Les cardiopathies sont des maladies chroniques à soins coûteux, c’est pourquoi il est important d’investir dans la prévention. Selon le professeur Bâ, le Sénégal est bien outillé pour prendre en charge les maladies cardio-vasculaires. ‘’Nous avons fait de gros efforts. Le Sénégal a la plus grande école de cardiologie. Nous avons environ 80 cardiologues, soit un cardiologue pour 150 000 habitants. Nous faisons mieux que l’Afrique du Sud, le Nigeria et les autres pays africains. On a réussi à faire en sorte que, dans chaque capitale régionale, il y ait au moins un cardiologue, sauf Kolda et Tambacounda, parce que les cardiologues n’ont pas accepté. Dans cette école de cardiologie, on a 60 médecins en formation venant de 18 pays dont 32 sont des Sénégalais. Dans la nouvelle promotion de cardiologie qui en compte 14, on a pris 12 Sénégalais’’.
A l’en croire, on fait tout actuellement au Sénégal. La preuve, soutient-il, la coronarographie est devenue un acte très banal, parce que depuis 2014, ils sont pratiquement à 537 coronarographies. ‘’Si on les avait évacués, ce serait à raison de 5 millions par malade. On s’est battu pour que la coronarographie soit une réalité. Les résultats que nous avons obtenus avec cette coronarographie sont meilleurs que les résultats obtenus en Europe ou au Maghreb. On a ce qu’il faut et les médecins qu’il faut. Maintenant, il y a des techniques très sophistiquées qui ne se font pas ici, comme la resynchronisation cardiaque ou les techniques d’ablation. C’est pourquoi il y a une équipe de Français qui est là pour nous aider dans ces techniques avancées. On n’a plus besoin d’évacuer des gens pour des problèmes cardiaques, sauf quelques rares exceptions’’.
Toutefois, souligne le professeur Ba, il y a le problème des enfants qui n’est pas encore bien résolu. ‘’Les enfants qui naissent avec des cardiopathies posent encore des problèmes. Mais nous sommes en train de former des cardiopédiatres. On a ce qu’il faut, mais ce n’est jamais suffisant.’’
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