Le procureur général des Chambres africaines extraordinaires, a estimé que l’ancien président tchadien Hissène Habré, actuellement en garde à vue à Dakar, risque la prison à vie ou trente années de réclusion, selon les charges qui pèsent contre lui.
« Après étude globale du dossier, nous avons retenus trois crimes principaux, des crimes contre l’humanité, des crimes de guerre et crimes de torture », a indiqué, Mbacké Fall ce lundi 1er juillet 2013 à Dakar lors d’une conférence de presse, retransmise en direct par les radios privées dakaroises.
Hissène Habré, a été interpelé la veille à son domicile dakarois et placé en garde à vue. Selon le magistrat sénégalais il existe des « indices graves et concordants » contre l’ex-président tchadien dont la chambre d’instruction a demandé l’arrestation.
Les conditions de son arrestation ont été vivement dénoncées par ses avocats, qui parlent d’acte « dénué de toutes bases légales ».
« Aucune procédure n’a été initiée par les Chambres africaines, aucun juge n’a été désigné pour instruire l’affaire », soulignent-ils dans leur communiqué.
Pour le procureur, le délai de garde à vue expire mardi et Hissène Habré sera ensuite présenté aux juges d’instruction. Il en outre fait savoir que la procédure concerne plusieurs autres personnes, anciens collaborateurs de M. Habré et contre qui des mandats d’arrêts internationaux seront lancés.
Revenant sur l’arrestation assez inattendue de M. Habré, Mbacké Fall a précisé qu’il fallait agir avec tact, puisque l’intéressé avait brandi la menace de mettre fin à ses jours, en plus des populations de Ouakam (vieux quartier de Dakar) dont il a la sympathie et le soutien et qui avaient menacé de s’opposer à son arrestation.
Les Chambres africaines extraordinaires inaugurées en février 2013 sont une Cour spéciale, issue d’une résolution de l’Union africaine, chargée de juger l’ex-président tchadien, réfugié au Sénégal depuis 22 ans.
Lors de son inauguration, les autorités de cette juridiction spéciale avait fait savoir que l’instruction pouvait durer 15 mois, et même au-delà. Depuis l’arrivée en mars 2012 de Macky Sall à la tête du Sénégal, l’affaire Habré a connu un coup d’accélérateur.
Son prédécesseur Abdoulaye Wade qui avait reçu le mandat de l’Union africaine pour juger l’ex-président tchadien avait pris quelques initiatives, en changeant les lois de son pays, et notamment la constitution sénégalaise. Néanmoins, les défenseurs de Droits de l’Homme l’ont toujours accusé de faire trainer les choses.
La justice tchadienne, quant à elle, a prononcé en août 2008 une peine de mort par contumace contre l’ex-chef d’Etat, pour d’autres crimes qui n’ont rien à voir avec ceux pour lesquels il est poursuivi dans cette affaire.