Les épreuves du baccalauréat d’enseignement général, session juillet 2013, démarrent ce mardi 02 juillet, sur toute l’étendue du territoire national. 107 761 candidats postulent à ce grade de l’enseignement du second degré, un legs du système colonial, aujourd’hui vieux de 200 ans. Le diplôme a fêté son bicentenaire en 2008.
Considéré comme un « vestige » en France, le diplôme vit encore de beaux jours au Sénégal. En dépit de la baisse du niveau des candidats, à cause à la fois des nombreuses perturbations scolaires et du niveau de plus en plus bas des enseignants, il demeure un visa sans lequel aucun élève ayant bouclé son cycle secondaire, ne peut poursuivre son cursus dans les universités ou écoles supérieures du Sénégal et celles qui leur sont équivalentes à l’étranger. Toutes choses qui confèrent à ce sésame toute son importance et par conséquent, le grand stress des candidats et leurs parents à la veille des épreuves devant sanctionner le parcours qui les a menés en classe de Terminale.
Tout récemment, à la veille des épreuves de philosophie en France, les membres du gouvernement en plein conseil des ministres se sont rappelés des souvenirs de leurs années de Bac et des notes qu’ils avaient obtenues à cette occasion. Ces dernières variaient entre 15 et 20 pour les plus brillants. La note de l’actuel chef de la diplomatie française semble-t-il, tournait autour de 20 sur 20 en philo. Un véritable crack. En attendant peut être que le gouvernement du banquier Abdoul Mbaye se livre à cet exercice, 107 761 élèves des classes de Terminales, contre 664 000 lycéens en France, affrontent dès ce mardi les épreuves qui semblent les plus dures pour un élève en fin de cycle secondaire.
Il s’agit d’un moment particulier où les dieux et les pangols sont sollicités pour aider à faciliter la réussite aux épreuves souvent d’un niveau extrêmement relevé. Parfois beaucoup plus élevé que celui des candidats qui trainent le plus souvent de nombreuses lacunes du fait des grèves et de programmes toujours non bouclés mais que les professeurs feignent d’ignorer parce que se fondant tout simplement sur le principe, selon lequel, le Baccalauréat est le premier diplôme de l’enseignement supérieur.
Dès lors, peu importe pour eux le bouclage ou non des programmes des classes de Terminales, encore moins les lacunes cumulées dans les différentes classes antérieures. Or, les enseignements qui s’enchainent dans ces dernières classes qui se suivent (Seconde, Première, Terminale), sont déterminants dans la poursuite du cursus de l’étudiant. Par conséquent il n’est pas étonnant de constater les échecs massifs et les redoublements successifs des étudiants dans leur cursus universitaire.
Examen difficile, perspectives incertaines
Le Baccalauréat, cet examen « phare » en France et dans la plupart des pays d’expression française n’a plus sa valeur d’antan. Il est même devenu « un vulgaire papier » dont certains n’hésitent pas à demander la suppression pour le remplacer par une autre forme d’évaluation beaucoup plus adaptée au contexte actuel. En France où la question est d’actualité, la raison est liée au taux élevé d’admis et qui fait que le Bac est désormais considérée comme une simple formalité. En effet «moins de 3% de reçus en 1936, en 2011, ce taux a bondi à 85,6%, voire 88,2% pour le bac des séries générales ». Mais au Sénégal le taux ne dépasse guère 45% des candidats voire moins. Malgré ces taux de réussite encore bas, le Bac reste pour le Sénégal un examen comme tous les autres et son obtention n’oblige en rien l’Etat à prendre en charge les études supérieures des bacheliers. C’est pourquoi, restreindre le nombre d’admis à ce grade pénalise gravement de nombreux élèves qui ne souhaitent qu’obtenir le sésame et aller poursuivre leurs études supérieures dans les filières autres que celles offertes dans les universités ou écoles supérieures publiques.
Le Sénégal largement en deçà des 2% d’étudiants
Il très curieux de constater que le Sénégal, un pays qui est encore largement en dessous de la norme des 2% d’étudiants requis par rapport à sa population globale sent déjà l’overdose d’effectifs dans ses universités. Toute chose qui a comme conséquence de faire constater toutes ces dernières années les problèmes d’orientation d’un nombre important de bacheliers, toutes séries confondues. Et pour mettre un terme à une telle situation le nouveau pouvoir a été obligé cette année de débloquer plus de 5 milliards de francs Cfa pour financer les études des bacheliers non orientés dans le Privé supérieur. Une mesure fortement dénoncée par le Syndicat autonome des Enseignants du Supérieur qui soutient que l’argent du contribuable ne doit pas servir à financer le privé. Ses responsables pensent que l’Etat aurait été plus avisé en injectant cet argent dans l’élargissement et l’amélioration des conditions d’accueil dans le public. D’autant plus que les bacheliers, même si on continue à tort de restreindre leur nombre, sont appelés à augmenter. Ainsi, ce mode de financement n’est-il jamais durable. C’est dire que le nouveau pouvoir, comme celui qui la précédé et qui avait décidé la généralisation des bourses et aides, a commis l’erreur d’avoir pris une mesure qui ne peut être pérenne.
Mamadou Mika Lom