C’est avec un cœur meurtri que j’écris ces quelques mots pour exprimer le sentiment qui m’habite. Linguère une ville symbole, un chantre de la dignité et de la noblesse a toujours marqué notre cher Sénégal, d’avant Indépendance à nos jours. D’Alboury NDIAYE à Maguette LO, de Daouda SOW à Abdoulaye NIANG, en passant par Djibo KA, Habib SY, Aly Ngouille NDIAYE. La Linguère du Général Coumba Diouf NIANG, celle du Capitaine Yaba NDIAYE, du grand érudit El Hadji Socé NDIAYE et j’en passe, tant de fils valeureux pour mériter une si aussi piètre performance.
Linguère, jadis royale !
La Linguère symbolisait cette grande Dame, conseillère du Roi, qui était l’incarnation à la fois de la dignité et de la noblesse. Cette dame de fer qui disait ce qu’elle pensait n’en déplaise au Roi et à son entourage. La Linguère avait fière allure et forgeait respect et admiration. C’est de cet emblématique personnage que notre terroir tire son nom, cette « grande royale » que tout le monde voulait et enviait.
En réalité, la dénomination « Linguère » est le titre que portait la première dame dans certains royaumes wolofs du Sénégal. Ce mot signifie « princesse ». La Linguère était soit la sœur du roi, soit sa mère, soit sa première épouse lorsque celui-ci est polygame.
Pour la ville de Linguère, le toponyme viendrait de la reine-linguère Boury Djilène Ndao, la fondatrice de la ville probablement au XVIe siècle. L’histoire de la ville est liée à celle du Djoloff.
A la voir maintenant, des questions légitimes s’imposent : Que reste- t-il de ces valeurs cardinales qui faisaient la quintessence même d’une Linguère ? Sommes-nous toujours les dignes héritiers de cette dernière ? Linguère est- elle aussi resplendissante que jadis ?
A toutes ces questions, nous serions tenté de répondre par NON ! La faute à vous, à moi et à tous ceux qui n’ont pas fait le nécessaire pour que Linguère retrouve son lustre d’antan. A tous ceux qui ont pensé se mettre à l’abri plutôt que de la défendre comme il se doit.
Linguère est en phase d’être de très loin, bonne dernière sur tous les plans, une reculade qui risque de nous plonger à jamais dans les bas-fonds du sous-développement. Personne ne veut plus venir à Linguère, notre ville ne fait plus rêver hélas. Pour les fonctionnaires par exemple être affecté à Linguère sonne comme une sanction et coté tourisme absolument rien au menu et pourtant pas mal de choses pourraient inciter les gens à venir y séjourner.
Je lance un appel « patriotique » et sincère à tous les Djoloff- djoloffs, à tous les Linguèrois, que chacun dans sa sphère de compétence se batte pour que notre ville ne soit pas la plus crainte, la plus mal aimée et la plus pauvre du Sénégal.
L’autre ne disait-il pas que ce qui importe dans la vie ce n’est pas de réussir ou d’échouer, mais d’avoir cherché à se mesurer, faire de sorte qu’à la fin de sa vie l’on puisse se dire : « j’ai fait ceci ou j’ai essayé de faire quelque chose » ? Autrement dit, n’ayons pas la prétention de venir changer le cours des choses mais simplement de jouer notre partition, de pouvoir nous regarder dans une glace et de nous dire au moins : « je suis quitte avec ma conscience ». Chaque génération est investie d’une mission, ne trahissons pas la nôtre !
Il est incompréhensible que la quasi-totalité de la jeunesse reste muette au moment où notre ville souffre et se meurt. Je pense à mon humble avis que la faute revient à une jeunesse qui croit plus en l’aile protectrice d’une autorité politique qu’en elle-même, qu’en ses réelles potentialités. Je ne fais pas partie de ceux-là qui n’osent pas s’opposer pour préserver des avantages crypto personnels et s’allier ainsi avec les ‘’politiques’’ au détriment de notre chère ville.
Nous ne devrions pas négocier nos principes ni marchander nos ambitions. Linguère d’abord et tout le reste ensuite.
Linguère se meurt, ma cité va mal, très mal !
Ne vous fiez pas à ce qu’on vous montre dans les médias et réseaux sociaux, allez découvrir de par vous-mêmes et vous, comprendrez qu’il y a beaucoup de manipulations et de non-dits, un vrai saupoudrage. Je me demande en réalité s’il n’y a pas deux Linguère ?!
Celle où tout est cool, tout est clean, la Linguère virtuelle, celle des ‘’facebookeurs’’ celle qu’on vend aux médias et réseaux sociaux. La Linguère de tous ceux qui veulent faire plaisir au « prince », de ces soi-disant intellectuels et observateurs qui inondent ces sites de posts de propagande, de ‘’griotisme intellectuel ’’ ou encore ‘’d’escroquerie intellectuelle’’ apparent ou caché.
À côté d’elle, la vraie Linguère, celle que j’ai quittée tout récemment, où beaucoup reste à faire. Cette Linguère qui a besoin de ses dignes fils qui contre vents et marrées se battront pour la mettre dans les rails. Cette Linguère qui s’éteint à petit feu sous nos regards complices et coupables. Cette Linguère où vivent nos braves parents qui luttent contre les affres de la vie. C’est une honte de passer par la route ou plutôt par le tronçon Dahra-Linguère, c’est inadmissible que ces quelques kilomètres de route ne soient pas encore livrés après un peu plus de deux (02) ans de travaux. Alors que l’axe Linguère-Dahra est d’une importance capitale, aussi bien sur le plan économique que sur le plan social. Je me demande si ce n’est du sabotage ! Démanteler toute cette route pour des travaux qui ne sont qu’à mi-chemin, et, du coup couper Linguère du reste du Sénégal et par ricochet, obliger les pauvres automobilistes et autres passagers à emprunter cette déviation sinueuse au péril de leur vie et de leur santé.
Et si vous arrivez à braver cet obstacle, malgré la fatigue, vous aurez peut être toujours l’énergie pour constater combien la ville se meurt. Un décor triste vous y accueille, une ville oubliée, laissée à elle-même. Sans trop exagérer, l’on se croirait au XVIIème siècle. Linguère manque de tout ! Des quartiers mal éclairés, des routes abimées, une jeunesse désemparée, une économie morte.
Certes la route principale est bien éclairée, mais nous ne nous en contentons pas. Linguère mérite plus. Comme nous ne nous contenterons pas d’un stade éclairé, de quelques lampadaires solaires installés.
Linguère se meurt, ma cité va mal, très mal. Séjournez à Linguère pour constater de visu l’état de dégradation avancée des infrastructures de la ville, du moins pour ce qui en reste.
Une vie monotone ! Aucune autre destination à Linguère si ce ne sont les palabres, le stade le temps des navétanes et pour certains la mosquée. Aucune initiative de la part des autorités pour l’épanouissement des jeunes.
Linguère se vide de sa population. Au moment où d’autres localités ont trouvé une solution à l’exode des jeunes, à Linguère on la favorise, tellement les alternatives sont réduites ou quasi inexistantes.
Linguère, tel un asile pour les personnes âgées, un mouroir, ne mérite pas un tel traitement de la part de ces autorités.
Ce qui m’indigne le plus, c’est que cette situation semble normale et personne ne lève le plus petit doigt et gare à celui qui osera le faire car on ne veut pas froisser ‘’ sa majesté’’. J’accuse ceux-là qui se disent intellectuels de la localité, J’accuse cette jeunesse inerte et muette pour ne pas dire muselée !
Je salue néanmoins la bravoure et la détermination d’une certaine jeunesse bien que minoritaire, à rester libre et se démarquer de cette tendance moribonde et dangereuse pour la ville.
‘’Dites-moi quelle jeunesse tu as, je te dirai quel Pays tu seras’’. On peut ne pas aimer l’auteur de cette assertion, mais on ne peut pas occulter le caractère véridique de son propos.
On en a assez de cette servitude volontaire ou obligée, de ces chaines qui bâillonnent nos oreilles, nos yeux, nos esprits et nos bouches au point que nous devenions doux comme des agneaux.
Monsieur le Maire, Monsieur le Ministre: « kounéla deuk bi nekhna daflay nakh ».
De grâce, plaidez notre cause. Linguère a besoin de programmes viables et non de projets qui cachent des intérêts personnels. L’on n’est pas maire pour soi ou pour une minorité, l’on reste maire en défendant les intérêts de toute la population.
Que l’on ne s’enrichisse pas sur le dos des Linguèrois. Il faut proposer des projets d’intérêts communs qui ne soient pas sont sous-tendus par des manœuvres financières couramment utilisées dans le milieu des affaires. Quand on est aux affaires, on ne fait pas d’affaires dit-on. Profiter de la misère des populations pour préserver des intérêts d’une minorité, Linguère ne mérite pas ce traitement !
Un bon dirigeant doit être au-dessus de la mêlée, se démarquer des querelles de borne fontaine. Fédérer les énergies et sensibilités pour l’intérêt de la localité, c’est de cela dont Linguère a besoin. Le climat social à Linguère est d’une stabilité précaire, deux camps qui se regardent en chiens de faïence. Nous avons la nostalgie de l’autre Linguère, celle d’avant ces considérations de bas étage, vous l’aurez compris.
Ayant de l’embonpoint vu de l’extérieur, Linguère souffre d’une maladie qui risque de l’amener ad-patres. La politique de l’autruche, seul recours, car les autorités n’ont aucune autre alternative surtout quand l’on sait qu’elles ne détiennent pas le remède.
Si nous avons le courage de solliciter le vote des confrères, nous devrions avoir le courage de répondre à leurs attentes sans discrimination. Etre maire n’est pas une fin en soi, c’est une noble mission, un sacerdoce. La politique à une morale mais il faudrait d’abord la comprendre pour l’appliquer. Selon le Président Français, François HOLLANDE, la politique, c’est cet engagement qui donne un sens à la vie et la capacité de changer celle des autres. La politique, non pas pour le pouvoir, mais pour pouvoir. Pouvoir agir. Pouvoir changer. Pouvoir transformer.
Votre mission est également d’aller au-delà des cloisons, stéréotypes et autres clichés, savoir prendre de la hauteur et ne pas écouter ceux qui font de la division leur gagne-pain, ces personnes limitées et pauvres en propositions pertinentes, des faucons qui ne s’agitent que pour leurs propres comptes et qui ne font que vous caresser dans le sens des poils.
De purs adeptes de la politique du ventre pour citer Jean François BAYART. Ecoutez ceux qui apportent une contradiction, ceux qui ne partagent pas forcement votre manière de voir ou de faire afin d’y puiser le meilleur pour l’intérêt supérieur de Linguère.
N’a t- on pas l’habitude de dire que de la contradiction jaillit la lumière. Que le compromis n’est pas une faiblesse, la négociation n’est pas un défaut et que l’on obtient toujours plus par le dialogue que par la confrontation.
De grâce, faites quelque chose ! Linguère ne mérite pas ce mépris de la part des autorités étatiques. Plus de deux (02) longues années pour ces quelques kilomètres ! Je pense que Linguère vaut plus que ça !
A tous ceux qui vibrent pour Linguère, à tous ceux qui mettent Linguère et ses intérêts en avant, il est temps de taper du poing sur table et de se faire entendre. Cette situation a trop duré et trop c’est trop. Ce combat est le nôtre et personne ne viendra se battre à notre place. Laissons de côté ceux qui ne vivent que de politique et des politiques car comme le disait l’autre : « quand la case du père brûle, tous ceux qui se taisent sont complices » ! Je ne serai pas complice de cette perfidie. Linguère debout, il est temps !
« Quand on a pris connaissance que la vie avait une fin, la pensée de la perdre ne nous fait plus peur. Ce qui importe, c’est comment on veut s’en aller : sur nos genoux ou sur nos pieds ! » Pensez-y !!!
Massamba NDIAYE
Maitrise Sciences Politique ;
Master II Professionnel et de Recherches en Communication d’entreprise et des Organisations ;
(Université Gaston Berger de Saint-Louis).