Le bon sens ne peut pas admettre que l’on tue un animal domestique pour régaler un animal sauvage. Au Sénégal, surtout dans le Djolof et le Baol, l’âne est une bête de somme qui facilite beaucoup les conditions de vie de l’Homme.

Au Djolof, il tracte les charrettes pour approvisionner les populations en eau potable. Il est aussi utilisé dans les travaux champêtres et le transport inter villageois.

Au Baol, l’âne permet d’entretenir des milliers de familles. Dans la ville sainte de Khadimou Rassoul, l’âne est béni. De vaillants sénégalais l’y utilisent du matin au soir pour assurer la dépense quotidienne et pour satisfaire les autres besoins. C’est dans cette ville où l’âne est mieux entretenu par l’homme que toute autre bête de somme. Il se nourrit de mil, d’aliment de bétail (ripass), de foin,…On le lave et le pare de beaux colliers. Il passe la nuit dans un enclos et est surveillé comme une autorité.

Même dans la littérature espagnole, l’âne occupe une place de choix. Sancho Pança sur son âne parcourait monts et campagnes accompagnant son maître, Don Quichotte. Tout cela pour dire que ce baudet traverse les âges et les continents.

Rappelons que Seydou BODIAN disait dans Sous l’orage que le séjour dans l’eau ne transforme pas un tronc d’arbre en crocodile. On aura beau parquer l’hyène, sauvage elle restera toujours. Vous la parquez pendant cent ans, vous la libérez, elle s’attaquera aux humains et aux chèvres. Dites moi donc quelle est son utilité. On la met en parc pour attirer d’éventuels curieux et touristes moyennant quelques francs. Cette somme est dérisoire comparée à ce que gagnent chaque jour les conducteurs de charrettes à Touba.

Ceux qui abattent l’âne pour nourrir l’hyène ont doublement tort. Ils ont tort parce qu’ils déciment une population d’ânes pour alimenter des fauves. Du coup, ils atteignent la dignité des équidés. Ils ont tort parce que pour le paysan et le pasteur du Djolof, pour le conducteur de charrette établi à Touba, les autobus qui circulent dans les grandes villes ne sont en rien plus utiles que leurs ânes. L’âne est têtu mais il participe à l’essor économique du pays.
Que vive l’âne et que périsse l’hyène!

Samba Diama TOP, professeur au lycée Alboury NDIAYE de Linguère.

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