Dans la commune de Thiamène-Pass, plus précisément à Dendièly Namas, localité située à 7kilometres de la commune de Dahra, vit Ibra Awa Ka, l’un des derniers anciens combattants de la seconde guerre mondiale dont sa vie se résume entre souvenirs, regrets et désespoirs.
Né en 1922 dans ladite localité, Ibra Awa Ka a du mal quand on se rappelle des tirailleurs sénégalais. Car, se sent oublier par les autorités sénégalaises et françaises à qui il avait rendu un service militaire face aux attaques allemandes lors de la guerre mondiale 1939-1945. Ce dernier, âgé de 93ans et laissé à lui-même n’a que ses yeux pour pleurer ce qu’il appelle de manque de reconnaissance et interpelle les autorités gouvernementales pour que justice soit faite.
Dans un coin de sa concession, se dresse une case au toit pointu couvert de paille. A l’intérieur, il y’a un lit en bois, une peau de mouton lui permettant de faire ses prières quotidiennes. Sur un coté du mur fissuré qui laisse entrevoir l’extérieur est accroché quelques un de ses caftans. Assis sur son lit, Ibrahima, comme l’appelle affectueusement ses proches est toujours en pleine forme, malgré ses 93 bougies qu’il a déjà soufflé.
Son livret militaire qu’il nous a fait consulter tout au début de l’entretien qu’il nous a accordé, nous a appris qu’il était âgé de 22ans quand le cercle de Linguère l’avait recruté puis incorporé et affecté au 2ème RAC devant servir de renfort à la France au moment où la guerre contre l’Allemagne s’intensifiait de plus en plus. Parcourant l’histoire de ses débuts, I ’ancien tirailleur sénégalais souligne que : « c’était Sidy Alboury Ndiaye, chef de canton qui procédait au recrutement et il avait demandé à chaque père de famille d’envoyer quelqu’un pour participer en renfort en France. C’est ainsi que mon père m’avait inscrit sur les listes. Pendant ce temps j’étais en pleine forme de jeunesse, raison pour laquelle je n’avais même fait la consultation médicale et que la femme blanche se chargeait de la faire m’avait déclaré apte » raconte-t-il.
Poursuivant son récit : « on a fait 08jours à Dahra attendant le bateau à vapeur qui devait nous convoyer vers la France. Nous sommes restés pendant 06mois à Dakar, aux mamelles, point de départ pour la France. Arrivé en France, je suis affecté au détachement de renfort N°32 avant d’être embarqué à Marrakech le 23 Avril 1945. Après cette étape, je suis reparti à Marseille la même année au mois de Mai avant d’atterrir à Inget dans le VAR le 11 Mai 1945 date à laquelle je suis affecté au 10ème RAC où j’avais rencontré Léopold Sédar Senghor» se souvient-il.
Libéré 02 ans après la seconde guerre mondiale, c’est-à-dire en 1947, ce monogame, père de plusieurs bouts de bois de Dieu interpelé le chef de l’Etat, Macky Sall à réparer cette injustice.
« Depuis mon retour au Sénégal, je n’ai bénéfice d’aucun avantage venant du Sénégal ou de la France. Dès fois j’entends à travers la presse que le gouvernement octroie aux anciens combattants des primes alors que personne ne se souvient de moi ». se désole-t-il.

Alpular Teint noir, la taille de 1m71, le nez épaté, son petit bonnet rouge cache mal ses cheveux blancs, témoin de sa vieillesse, Ibra Awa Ka s’active toujours dans l’agriculture et l’élevage pour nourrir sa progéniture.
Ndèye Minguè SECK

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