Les Sénégalais ont été très choqués par les attentats survenus ces dernières semaines en France et au Mali notamment. Ce week-end, comme si les habitués des nuits chaudes dakaroises se sont passé le mot, la capitale sénégalaise ressemblait plus à une ville morte. C’était une sorte de couvre-feu que la plupart des gens ont eu à s’imposer, désertant du coup les bars-restaurants, boîtes de nuit ou tous les établissements ayant l’habitude de recevoir du monde. Vendredi, au rythme du Dakar by night.
Les boîtes de nuit en mode couvre-feu
Cap sur le restaurant l’Impérial. Situé non loin de la chambre de commerce de Dakar et à quelques encablures du ministère de l’Intérieur, le coin accueille souvent les after-work de certains habitués, qui, au sortir du boulot, y traînent pour prendre quelques verres avant de rentrer. Là aussi, l’ambiance est morose. Pas d’affluence. Seulement quatre clients sont présents sur les lieux. Le constat est donc le même. Les Dakarois ont choisi de se priver de plaisirs mondains. L’heure étant grave. Il faut dire qu’outre le vide noté dans les bars du centre-ville, peu de voitures circulent au Plateau alors qu’il ne fait même pas encore minuit. Les routes sont elles aussi quasi vides. Devant certains établissements nocturnes, on surveille ses arrières. Des videurs et gros bras sont positionnés. C’est le cas par exemple du night-club Silencio (juste derrière le Café de Rome). En centre-ville comme dans les bars de quartier, des dispositions sont prises par les restaurateurs. A Liberté 6, le Toby’s Club est un nouveau coin qui fait plein du vendredi soir au dimanche nuit. Ici également, un gros bras surveille les entrées. Il était minuit passé de 25 minutes. A l’intérieur, une musique salsa accueille. Mais très vite, l’on est une fois encore choqué par l’absence de clients.
Au Toby’s Club, «il y a une semaine à la même heure, on n’a pas eu de place pour nous asseoir et boire. Mais aujourd’hui, nous voici tout seuls avec à notre disposition 5 autres salons vides», réagit un habitué des lieux qui faisait partie de cette virée nocturne. Un autre se dit trop surpris par ce calme, allant même jusqu’à se demander s’il n’était pas mieux de rentrer chez soi. «Peut-être que les autorités ont demandé aux gens de ne pas sortir et nous ne sommes pas informés. N’est-ce pas mieux qu’on rentre à la maison ? C’est dangereux le risque que nous prenons là !», sert Ludovic A., d’un air peu rassuré. Pourtant, le groupe d’amis s’installe. «Juste le temps de faire un tour de table», a tenté de convaincre celui qui semble être «le parrain de la soirée». Après un peu plus d’une heure de causette autour de la bière fraîche, il a été unanimement décidé de voir si le réputé quartier «show» des Almadies est aussi plongé dans cette peur des attentats.
«Quel que soit ce qui arrive, je crois que Almadies ne peut pas dormir. Il y aura de l’ambiance là-bas comme les autres week-ends», prédit d’emblée Jean Pierre D. Tout le groupe a tout d’un coup envie d’aller y faire un tour. Le cortège de quatre voitures s’ébranle pour le Bara Mundi. L’ambiance y est toujours assurée. On y croise souvent le gratin du show-biz. Le Bara Mundi est aussi le coin privilégié des stars sénégalaises. C’est donc devant cet établissement que l’on descend en premier. Il a ouvert ses portes comme les autres coins à proximité du siège de l’agence de téléphonie Tigo. Mais ce n’est pas le grand rush. Personne ne danse, ni ne joue au malin encore. Pourtant, il se fait tard. Les noctambules présents sur les lieux, sont assis l’air presque sérieux dans des fauteuils. On semble juste profiter de la bonne musique sans faire dans du sensationnel. L’heure n’est pas à la fête comme d’habitude. Au Cotton’s club, l’établissement presque en face, c’est pareil. Très peu de monde et tous les clients sont assis et rangés à leur table. Ça discute dans les salons. Mais à chaque entrée, des coups d’œil furtifs sont jetés vers la porte principale pour s’assurer qu’il n’y a rien de grave. Et ce qui reste très frappant, c’est que les touristes européens qui raffolent de l’ambiance des nuits dakaroises sont quasi absents aux abonnés .
En effet, à part, les quelques Libanais, Marocains et autres nationalités qui sûrement sont devenus de vrais dakarois, pas d’étrangers qui traînent dans la nuit. Tout est désormais clair. Suite aux attentats de Bamako, Dakar a pris peur. Mais qu’en est-il des sites touristiques très prisés par les occidentaux ?