On célèbre toujours les grands hommes. Comme Djibo Leyti Kâ, qui avait pris date avec l’histoire politique du Sénégal un certain 14 mars 2000. C’est son anniversaire !
Le Sénégal politique avait retenu son souffle dans l’entre-deux tour de 2000, alors que le leader de l’Union pour le renouveau démocratique devait annoncer son choix pour le changement porté par Abdoulaye Wade ou pour la continuité défendue par Abdou Diouf. Au sortir de son audience «de dernière chance» avec le candidat socialiste, ce 14 mars, soit à trois jours du scrutin du deuxième tour, le «petit berger peulh» jette son dévolu sur le Président sortant. Et l’Alternance se fera sans lui qui est arrivé quatrième avec 7%. Mais avec Moustapha Niasse, troisième après Diouf et Wade.
Un choix contre toute attente puisque à sa sortie de la première audience, il avait plutôt demandé à son hôte, isolé par les plus représentatifs, de quitter le pouvoir «pour apporter la preuve que le Renouveau est bien la clé du changement». Dans Walfadjiri du 21 mars 2000, Djibo Kâ justifiait sa démarche : «Nous assumons nos choix de ce soutien apporté au candidat au second tour. (…) Je n’ai pas joué dans ce soutien que j’ai apporté à Diouf. J’ai fait de la politique, au vrai sens du mot. L’option que nous avons prise, nous ne le regrettons pas. Si nous tous avions été dans le même camp, la démocratie sénégalaise en aurait pris un coup…». L’opposant Wade avait déclaré, à l’époque, que le leader de l’Urd, aujourd’hui son ministre de l’Environnement, lui avait demandé un poste de Vice-Premier ministre qui «ne rendrait pas compte au Premier ministre». Puis le ministre des Finances qu’il préfère plutôt confier à quelqu’un qu’il jugerait lui-même «apte de traduire (ses) idées», même s’il a été son professeur en économie, comme le lui aurait rappelé Djibo Kâ. Dans Le Soleil du 17 mars 2000, le patron des «rénovateurs» apporte un «démenti solennel et formel» aux propos de Wade. Ensuite, il dit : «Je reconnais que dès notre premier contact, le mardi 29 février (2000), Me Wade n’a pas hésité à me dire qu’il souhaitait me voir siéger dans son gouvernement, s’il est élu au second tour. Cette offre m’a été faite à titre personnel et il l’a réitérée. Mais je lui ai rétorqué que j’étais inséparable du Renouveau Démocratique.»