Par nos confrères de Senenews- Le mal est plus que jamais profond. L’indiscipline sur la circulation constitue un des maux qui gangrènent la société avec des préjudices considérables. Le laisser aller constaté sur les routes avec les écarts des automobilistes et autres accidents interpellent. Senenews a mené l’enquête pour en savoir plus

L’image avait fait le buzz sur la toile il y’a quelques semaines. Un taximan emprunte une passerelle piétonne sur l’autoroute pour éviter les embouteillages. Un fait qui a défrayé la chronique mettant encore une fois à nu l’incivisme des sénégalais mais surtout l’indiscipline sur les routes. Quelques jours plus tard d’autres images sont publiées sur le net avec d’autres automobilistes empruntant la même passerelle.
La suite on la connait le fameux taximan est recherché, arrêté puis placé sous mandat de dépot, les autres automobilistes sous la menace de la même sanction.
Cette actualité a remis sur la table l’indiscipline des conducteurs sur les routes, et le laisser aller impardonnable qui y règne.

Il est midi au garage Keur Massar, où les «Ndiaga Ndiaye» qui doivent rallier la localité au centre ville. Les apprentis interpellent ça et là les clients. Non loin du garage à l’ombre d’un arbre les chauffeurs et régulateurs discutent.

Omar Sarr, est l’un d’entre eux, interpellé sur l’arrestation du taximan et les écarts des conducteurs sur les routes, parle de manque d’éducation et d’une mauvaise organisation du secteur du transport au sénégal.

«Il faut revoir beaucoup de choses sur l’organisation du transport. Ici au Sénégal les permis de conduire sont délivrés anarchiquement. Tu peux te procurer une licence par des connaissances dans l’administration. Ou verser de l’argent. C’est une réalité très ancrée dans ce pays. En plus de cela, il y a l’état des routes qui sont très étroites alors que le nombre de véhicule ne cesse d’augmenter, surtout si tout se passe à Dakar. Avec le trafic qui est très dense», laisse t-il entendre.

Qu’en est il des reproches formulées à leur endroit avec notamment les accidents notés sur l’autoroute à péage qu’ils provoquent, ainsi que leurs comportement sur les routes? Notre interlocuteur indexe les propriétaires des «Ndiaga Ndiaye» c’est à dire leurs employeurs. D’après lui leur parc automobile doit être renouvelé. Et sans cela ils font avec les moyens du bord.

Avant de poursuivre en conseillant ses collègues : «J’exhorte mes camardes chauffeurs a être beaucoup plus vigilants sur les routes et à veiller au respect des règles établies. C’est pour notre bien», fait-il remarquer.

S’invitant au débat Baye Assane comme on le surnomme fait savoir qu’il est d’avis avec les autorités qui ont sévi judiciairement à l’encontre du taximan. Et à cet effet, le régulateur qui a 30 ans d’expérience dans le métier de chauffeur confie que «les autorités doivent revoir la façon dont est délivré les permis de conduire. Et après organiser le transport de manière à ce que chaque chauffeur soit surveillé et encadré. Parce que n’importe qui ne peut devenir transporteur. C’est une responsabilité surtout si la vie de nos clients sont entre nos mains sur les routes».

«Des assises du transport comme solution pour réguler le secteur»

Après les chauffeurs de Ndiaga Ndiaye c’est autour des «particuliers» composés de «clando», des taxis et autres minicars de donner leur avis. Nous avons interpellé les transporteurs qui se sont installés tout au long de la route qui débute à partir du rond point Keur Massar (lieu très prisés par les riverains qui sont obligés de se rendre sur les lieux pour trouver un moyen de transport).

Malick Ngom, à bord de son taxi, s’exprime sur la mauvaise conduite des usagers de la route. Toutefois, ce dernier ne comprend pas pourquoi les autres conducteurs qui ont pris la passerelle ne soient pas sanctionnés.

«Je condamne l’acte, mais il faut que la sanction soit appliquée à tout le monde. On est tous au courant qu’il y avait des non-transporteurs qui ont suivi le taximan. Alors pourquoi ceux là n’ont pas été poursuivis ? Pourquoi viser uniquement le taximan ? S’interroge t-il.

Poursuivant, il invite les acteurs du transport à initier des assises nationales du transport, comme on a fait avec l’éducation. Car selon lui cela est une nécessité si on sait qu’au Sénégal le code de la route n’est pas conforme à notre réalité.
Conséquences de cette indiscipline sur les routes , les accidents de la route surtout en cette période d’hivernage. Et les camions et bus qui sillonnent les régions du Sénégal ne sont pas épargnés. Collisions, télescopages entre véhicules, sont souvent à l’origine de graves accidents avec malheureusement des pertes en vie humaine .

Les camions gros porteurs au banc des accusés

On est allé retrouver les chauffeurs de camions au croisement Keur Massar sur la route nationale 1 (RN1) pour connaitre leur point de vue sur la fréquence des accidents.
Pour Bouba l’un d’eux, trouvé avec ces collègues sous une tente, la plupart de leurs voyages se font pendant la nuit. Et à cet effet il fait comprendre : «la nuit, les pistes ne sont pas éclairées. A partir de ce moment, on n’a pas le droit à l’erreur. Mais il faut être deux pour commettre un accident et à cet effet si les autres voitures qui voyagent la nuit ne redoublent pas de vigilance, l’irréparable peut se produire.

De son côté, Djiby Keita chauffeur de bus, l’état des routes favorise ces accidents. «Il semble que les autorités encouragent ces accidents. Les routes sont dans un état de délabrement très avancés. Surtout en période d’hivernage ou les routes sont mouillées. Et elles ferment les yeux sur ce cela. Les autorités doivent veiller sur nos routes, et prendre toutes les dispositions nécessaires pour le bon fonctionnement du trafic national», soutient-il.

Les «borom sarrett» margialisés, réclament plus de considération

Quant aux charretiers qui déambulent sur les routes de la capitale gênant les automobilistes, l’un deux, Dame indique qu’ils devraient être reconnus et considérés par les responsables car selon lui, ils participent à l’économie car œuvrant dans le transport de marchandises inter-urbains.

Bamba, chauffeur de «cars rapides», (outil de transport inter-urbain cinquantenaire qui est récemment entré au musée de l’homme à Paris), en veut aux bus TATA qui empiètent sur leur pas : «ces TATA font n’importe quoi sur la route. Dés fois ils conduisent comme ils veulent et certains d’entre eux font même la course en pleine circulation. Ils veulent nous dégager de la route et s’accaparer de nos clients.», peste t-il.

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