Jamais dans l’histoire politique du Sénégal, un gouvernement n’a été nommé sans une participation massive des fils du Djoloff. Ils ont eu à exercer de hautes fonctions dans notre sphère étatique. Nous nous souvenons de ces éminentes personnalités qui ont su marquer, d’une manière indélébile le Sénégal de part leur compétence, leur dévouement mais surtout leur foi en la république et en l’Etat de droit.
Depuis notre indépendance, Linguère et Dahra sont devenus les principaux centres de décisions politiques et sociales du Djoloff. Du fait de son ancrage dans l’histoire et le terroir, Dahra et plus largement le Djoloff a toujours été une partie importante dans le dispositif social et politique du Sénégal.
Étant une ville dont la majorité de la population est composée de Wolof et de peulhs avec d’importants groupes Maures, Dahra doit son développement à l’importance du commerce de bétail qui donne rendez-vous chaque dimanche à tous les pays de la sous-région, l’un des plus grands marchés hebdomadaires de l’Afrique de l’Ouest. Elle joue un rôle primordial dans l’approvisionnement en bétail de tout le pays.
La ville abrite en outre un Centre de recherches zootechniques (CRZ) créé avant l’indépendance. La ville de Dahra bénéficie d’un climat sahélien sec avec une végétation steppique. Elle est comme les villes du Nord et Centre du Sénégal victime de la désertification de l’ensablement grandissants.
Selon les estimations officielles de 2007, la population de la commune Linguère est de 13 610 habitants au moment où Dahra commune en compte 30896.
Cette petite comparaison prouve à suffisance que la commune de Dahra polarise en elle seule l’électorat le plus important du Djoloff en entier.
Malgré tous les slogans brandis pour l’autonomie économique et politique de cette ville, un constat demeure éternel, rien n’est fait et aucun acte n’est posé pour encourager cette vision non moins régionaliste ou sectaire mais au delas une revendication légitime. Ne serait-il pas important pour l’intérêt supérieur de la commune de taire les querelles politiques, de s’unir pour un seul et unique objectif qu’est le développement de cette contrée. Le militantisme dans un parti politique est un droit pour chaque individu de même que la libre expression des pensées, mais lorsque le patrimoine commun est menacé, il serait difficile de tolérer la division. Alors unissons-nous !
Pourtant la commune de Dahra aussi grande soit-elle ne dispose pas de caserne de Sapeurs pompiers, de Commissariat de police, de structures de santé suffisamment équipées et un personnel qualifié pour faire face à toutes interventions médicales pour des malades souvent transférés à Touba ou Dakar, d’un service vétérinaire doté de ressources nécessaires pour mener à bien son rôle d’assistance, de contrôle et de veille vu le nombre important d’abattage ou de convois de bétails à l’intérieur du pays sans parler du centre de recherche zootechnique, un patrimoine national qui, si on n’y prend pas garde tend vers une disparition certaine. Si ces maux existent malgré le potentiel ou les ressources, il me serait difficile d’envisager une création d’activités, si ce n’est le commerce, génératrices d’emplois pour les populations prédestinées vendeurs de bétails. La liste n’est pas certes exhaustive, et nous ne pourrons guère continuer à indexer l’Etat ou les gouvernants, mais il s’agit néanmoins de conscientiser les populations sur le retard accablant de Dahra sur le plan économique, politique, culturel, infrastructurel vis-à-vis des autres localités du Sénégal.
Jamais un ministre de la république au Sénégal natif ou originaire de Dahra n’a été nommé dans un gouvernement. Un constat réel, un oubli ou une politique de marginalisation consciente, mais aussi un cri de cœur. Le Sénégal n’est pas un gâteau dont le partage se fait selon la localité, l’appartenance ethnique ou religieuse ou tous autres facteurs mais force est de constater que Linguère est toujours servi au détriment des autres Dahra en particulier. Je ne suis ni régionaliste ni sectaire encore moins militant d’un parti politique mais plutôt défenseur de ma ville et de ses intérêts.
Dés lors, j’en fait un rêve, oui un rêve. Le rêve de voir un jour ce pays dirigé par un natif de Dahra ou au moindre mal un ministre issu de Dahra.
Je ne pourrai concevoir que cette injustice soit à jamais non reconnue, prise en considération et corrigée car il nous serait difficile de constater une incompétence ni une non représentativité dans tous les domaines d’activités du Sénégal, dans la diaspora ou autres et au plus haut niveau des dahrois.
Nous n’avons certes pas les armes pour combattre n’étant pas dans les guérillas, ni la force pour imposer dans une dictature, mais nous serons cette porte voix qui dans la démocratie et la citoyenneté clamera toujours haut et fort et dénoncera cette marginalisation.
Nous pouvons y croire car le discours « I HAVE A DREAM », prononcé le 28août1963, devant le Lincoln Memorial, à Washington, D.C., est généralement considéré comme l’un des plus grands et des plus marquants du XXe siècle par Martin Luther King. Révérend, ancien candidat à l’investiture démocrate dans les années 80, Jesse Jackson se trouvant dans la nuit du 05 Novembre 2008 au milieu de la foule de partisans de Barack Obama rassemblés à Chicago pour fêter la victoire. Cet ancien dirigeant de la lutte pour l’émancipation des Noirs a écouté le discours d’Obama, les yeux pleins de larmes déclarant ainsi«Je ne savais pas quand, mais j’ai toujours pensé que c’était possible», disait celui qui se trouvait aux côtés de Martin Luther King quand il fut assassiné.
Si le noir est devenu président des Etats Unis, je me permettrai de rêver qu’un jour un fils de Dahra sera ministre voir Président du Sénégal, et ce jour, nous ne manquerons pas de manifester notre joie comme l’avait fait le révérend Jesse Jackson en 2008.
Falaye Fall
fallfalaye@hotmail.com