La réalisation de la route Linguère-Matam, longtemps l’une des doléances principales des usagers, contribue positivement à l’essor économique du Djoloff. Des chauffeurs, des gérants de fast-food, des boulangers, des gérants de station d’essence entre autres secteurs d’activités se frottent les mains.

L’achèvement de la route Lin­guère-Matam, en mai 2013, n’a pas seulement contribué au désenclavement de la région de Matam. Il a aussi un impact économique surtout dans la commune de Dahra, qu’elle traverse.

Il est vingt heures devant un fast-food de la localité. Des véhicules, pour la plupart venus ou à destination de Matam font escale. A l’intérieur du local, un homme qui préfère garder l’anonymat, tout en dégustant son plat, indique qu’il est heureux de s’y arrêter juste pour se dégourdir les jambes et manger quelque chose avant de repartir.
A l’entrée du fast-food, un peu à côté, est aménagé le bureau de la gérante, une jeune femme voilée d’à peine 25 ans. Adama Ndiaye, toute souriante rend grâce à Dieu. Elle dit avoir constaté une amélioration de son chiffre d’affaires. «La route a un impact économique sur notre localité. Nous recevons nuit et jour des clients et nombreux sont des gens de Matam qui viennent passer ici des commandes avant de repartir. Il y a véritablement une hausse de ce que nous avions l’habitude de gagner.» La gérante poursuit que c’est grâce à cette nouvelle route que des emplois sont créés dans la localité et aux alentours. Car explique-t-elle, «la forte clientèle nous oblige aussi à engager des gens pour nous aider à satisfaire nos clients».
A une vingtaine de mètres du fast-food, une station d’essence. Son gérant, Omar Niang, trouvé en train de faire une évaluation, apprécie positivement également, l’impact économique de la route Linguère-Matam. «Nous avons senti les effets de la route. Il y a beaucoup plus de véhicules qui passent et qui font escale pour remplir leurs réservoirs ; donc économiquement, ça commence à faire des résultats. Si on compare les recettes que nous obtenions avant, on peut dire qu’elles ont même triplé.»
L’implantation de la route est en outre une aubaine pour les chauffeurs. «Autrefois de Dakar à Matam, on était obligés de rouler 2 jours, mais maintenant si on quitte Dakar le matin, si tout se passe bien, on rallie Matam vers les coups de 17 heures.» confie Baba Diaw, chauffeur de transport en commun. Notre interlocuteur poursuit qu’aujourd’hui les chauffeurs économisent environ 25.000 F de carburant contrairement à l’axe Dakar-Saint-Louis-Matam. Toutefois, les chauffeurs réclament la réhabilitation de l’axe Dahra-Touba.
En face de la station service, des tables des bouchers sont placées le long de la route nationale N°3. Même ces derniers chantent les louanges de la mise en service de cette nouvelle voie.
Bécaye Fall, un homme d’une quarantaine d’années ne le cache pas. Pour lui, la vente de la viande n’est plus réservée exclusivement au jour du marché hebdomadaire. «Désormais, tous les jours, des clients, originaires de Matam et Ourossogui viennent acheter de la viande. A telle enseigne que si nous immolions un bœuf avant, il arrive maintenant qu’on augmente le nombre. Car, ajoute-il, avec les fast-foods et les gargotes qui poussent comme des champignons, la viande est de plus en plus la chose la plus recherchée.»
Abondant dans le même sens, Bara Ndiaye, gérant de la boulangerie Khadim Rassoul, a vu son chiffre d’affaires connaître une hausse. A en croire le boulanger, les choses marchent tellement depuis que les habitants de la onzième région ont commencé à passer par Dahra, qu’ils ont été obligés de doubler leur production en pain. «De ce fait, notre chiffre d’affaires a doublé, voire même triplé. Les voyageurs achètent des pains et même les commandes des gargotes se multiplient», se réjouit-il.
Si au niveau des secteurs précédents, les gérants se frottent les mains, c’est tout à fait le contraire au niveau des auberges. Le patron de l’hôtel Wds, Gana Diagne dit être victime de la route achevée. Car pour lui, la clientèle est devenue quasi-inexistante. «Vu l’état de cette route, les Matamois filent d’un trait maintenant pour rentrer chez eux, contrairement à ce qui se passait avant la réalisation de la route, où les passagers avaient besoin de se reposer au niveau des auberges pour repartir le lendemain. Les sommes mo­diques que nous tirons proviennent de la restauration, les clients viennent désormais ici uniquement pour boire un verre avant de continuer leur trajet» confie M. Diagne.
Le lait est l’un des secteurs dont l’économie est positivement affectée par l’implantation de la route. Mamadou Lamine Diallo, transformateur de lait en fromage, reçoit chaque jour des appels des clients de Matam qui font des commandes de vingt ou trente seaux de lait par week end, ce qui fait qu’il a multiplié la quantité de la production de lait et augmenté son rendement.
Conscient qu’un développement économique passe impérativement par des voies de communication, l’Etat du Sénégal, outre cette infrastructure qui fait fantasmer les populations du Djoloff est en train de réhabiliter la route Lin­guère-Dahra-Touba, pour le plus grand bonheur des chauffeurs.
Badé SECK
Lequotidien
bseck@lequotidien.sn

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