L’économiste et adjoint à la mairie de Kaolack porte la réplique à Ibrahima Sène qui pointait les insuffisances du PSE.

Mr Ibrahima Séne membre du PIT, membre de Benno Book Yakkar est d’avis que la situation économique du pays est inquiétante. Est-ce votre lecture de la situation actuelle ?

Soyons honnêtes et lucides car dans le document de la Dpee auquel fait référence Mr Séne, il y est fait mention plutôt d’un regain de dynamisme économique né essentiellement de la mise en œuvre du PSE, d’un réchauffement de nos échanges avec nos partenaires, d’une consolidation des investissements publics et d’un renforcement de la demande intérieure. Résultats des courses notre PIB réel est mesuré à 4.7% de croissance.

Sur le plan budgétaire aussi les grands équilibres macro-économiques ont été préservés, grâce aux bénéfices tirés de la réforme fiscale, et une rationalisation de la dépense publique (sans trahir nos engagements sociaux) tout en maintenant le cap des investissements. La résultante de toutes ces actions, est un déficit budgétaire qui gagne 0.4 point de PIB passant de 5.4 en 2013 à5 % du PIB en 2014.

Quelle conclusion tirez-vous de cette analyse ?

Quand on regarde les données macro-économiques au moment de l’arrivée du Président Macky Sall au pouvoir qu’observe-t-on ? D’abord, une croissance africaine franche avec un pays, le Sénégal, qui faisait moins que la plupart de ses partenaires de la sous-région. Aujourd’hui grâce aux réformes économiques mises en œuvre par le gouvernement le Sénégal n’est plus l’homme malade de la zone UEMOA comme dans les années 2010 au regard des indicateurs publiés, par le FMI. Nous sommes passés d’un différentiel de croissance mesuré en francs constants de 3.6 à 1.6 entre 2012 et 2014 dans la zone CFA ce qui témoigne d’une dynamique économique en œuvre le tout couronné par un taux d’inflation de 0.1% en 2014 et projeté à 1.6% en 2015 : c’est le plus bas de la CEDEAO.

Mr Séne parle d’une croissance en dessous de celle prévue dans le PSE et qui devait être de 4.9%

L’économie c’est d’abord une affaire de confiance et je ne connais pas un pays qui aurait tendance à sous-estimer ces capacités de développement. Pour rappel les économistes qui tablaient sur une hausse de plus de 3% de l’économie américaine ont vu celle-ci progressé que de 2.4 % et plus près de nous le Burkina Faso, a fait un taux de croissance en deçà des attentes : 5,1% en 2014 contre 6,4% en prévision. De manière globale c’est toute l’économie mondiale qui a revu à la baisse ses projections de croissance.

Le fait que le chiffre de croissance soit en deçà des attentes ne doit pas occulter le tableau d’ensemble pour 2014 qui a été la meilleure année pour notre économie depuis presque 10 ans. Car les bonnes nouvelles ne manquent pas , l’Agence nationale de la statistique l’Ansd dans sa dernière note de conjecture nous informe qu’au quatrième trimestre de l’année 2014, le produit intérieur brut (PIB) en termes réels a progressé de 6,7%, dynamisme qui a été soutenu par une progression simultanée de l’activité économique dans les secteurs tertiaire (+6,5%), secondaire (+5,2%) et primaire (+3,7%). Ces bons chiffres confirment l’amélioration de la situation économique du pays : moteur de la croissance qui redémarre, stock des investissements directs étrangers (IDE) en progression depuis deux ans, moral des entreprises en hausse comme en témoigne la bonne tenue de l’activité industrielle notée depuis le mois de novembre 2014, qui s’est consolidée en début 2015 et a enregistré un gain de plus 6,8% par rapport à décembre 2014.

Aujourd’hui une croissance durable et structurelle est maintenant à portée de main, sous l’impulsion notamment des projets d’investissements portés par le Plan Sénégal Emergent (PSE) qui sont de véritables locomotives de « croissance transformative » alimentées par un investissement public et privé, qui ont augmenté respectivement de 8,8% et 6,0% en 2014 selon les chiffres de la Dpee. Mais seulement si nous persévérons sur tous les fronts : maintenir le rythme des réformes économiques, le sérieux budgétaire par une lutte contre nos dettes, à la fois publiques et privées.

Le tableau que vous peignez, ne contraste-t-il pas d’avec le danger qui guette le Sénégal si l’on en croit le Ministre d’Etat Amath Dansokho ?

Le doyen Dansokho a exprimé au grand jour, non pas des réserves ni des critiques sur la politique menée par Monsieur le président de la république Macky Sall et son gouvernement mais des interrogations avec sincérité et loyauté. Il s’est posé en lanceur d’alerte. On peut être choqué, surpris par l’opinion de l’autre : c’est ce qu’Alain Finkielkraut appelle la douleur de la liberté.

Mais je pourrai juste rappeler au Ministre d’Etat Amath Dansokho qu’un pays en danger ne se voit pas confirmé par les agences de notation une cote de Crédit Souverain à ‘B+/B’ avec une perspective stable.

Un pays en danger ne gagne pas 10 places dans le classement Doing Business de la Banque mondiale et remportait le Top 10 mondial des meilleurs pays réformateurs qui ont mis en œuvre un total de 40 réformes facilitant la pratique des affaires.

Un pays en danger ne peut pas lever 500 millions de dollars sur les marchés internationaux à un taux nominal de 6.25% et attiré un carnet d’ordres de plus de 4 milliards de dollars.

Un pays en danger ne verrait pas le FMI félicitait ses autorités d’avoir préservé la stabilité macroéconomique, poursuivi l’assainissement des finances publiques et mené à terme le programme appuyé par l’Instrument de Soutien à la Politique Economique (l’ISPE).

Néanmoins la croissance reste moyenne, la pauvreté élevée et les populations sont impatientes. Comment sortir de ce piège ?

Il y a une attente de résultats sur le plan économique et sur l’emploi, les Sénégalais attendent que nous allions plus vite, plus fort et le Président de la République entend et comprend l’impatience de nos concitoyens qui face aux difficultés quotidiennes de la vie attendent de toucher aux dividendes de sa politique économique, même si au début de son mandat, il a mis en place un certain nombre d’amortisseurs sociaux : couverture maladie, bourses familiales , amélioration des pensions des retraités pour atténuer la souffrance des plus fragiles, convaincu qu’il est que lorsqu’il y a de la pauvreté, c’est une blessure pour celles et ceux qui sont concernés, mais c’est une humiliation pour notre nation.

Si les trois premières années ont été celles de la mise en place et de la définition, aujourd’hui c’est toute notre économie qui commence à engranger les bénéfices de la politique de redressement menée par le gouvernement

Et mon intime conviction est que Le PSE qui est le cadre de référence unique de l’action du gouvernement en matière de politiques publiques pour changer la trajectoire économique en berne de notre pays , générer de la richesse, des emplois offre une occasion unique de créer les conditions d’ une croissance généralisée et inclusive qui fera du Sénégal un pays émergent.

L’objectif d’une croissance annuelle de 7 à 8 % est réalisable à moyen terme, mais exigerait d’élargir, d’approfondir et d’accélérer les réformes structurelles. Il nous faudra encore d’avantage améliorer l’environnement administratif et réglementaire des affaires, mobiliser les outils publics que sont le fonsis, le Fongip et la Bnde en faveur de la compétitivité et de l’investissement de nos entreprises. Il faut aussi s’attaquer résolument à ce qui pèse le plus lourd dans le budget de l’État et des collectivités locales : le nombre de nos fonctionnaires, car ce seul poste de dépenses représente près de la moitié des recettes fiscales alors qu’ils représentent moins de 1% de la population. Car tout franc dépensé pour les emplois publics est un franc perdu pour la santé, l’école, la formation l’investissement

Certains peuvent reprocher au président d’être assez lent dans les réformes, mais personne ne peut nier leur cohérence et leur pertinence et le débat ne doit pas porter sur les moyens du PSE, mais sur l’horizon et les perspectives donnés à la politique générale du pays.

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