De tout temps et partout, cela a été comme ça. Avant de connaître le pouvoir, tout le monde, il est beau, tout le monde, il est gentil. Pas de problème du tout, pour avoir Samba Ndiaye au téléphone ou le voir chez lui où tu es toujours le bienvenu. Dès que tu l’appelles, il décroche, et vous parlez jusqu’à «mort de crédit». Quelquefois, si la conversation risque de durer, c’est lui-même qui te rappelle son numéro de domicile. Comme ça, vous pouvez parler tant que vous voulez, surtout vers la fin du mois, quand Sonatel offre gracieusement des nuits entières de parlotte qui ne lui coûtent pratiquement rien.
Mais ce joli tableau, c’est avant la nomination ou l’élection. Avant qu’on ne lui confie des responsabilités. Si c’est de vraies de vraies, genre «Cheikh» d’Etat, de Ministre, député, Dircab ou CT, ne perds plus de temps à essayer de le joindre sur son portable. Il devient muet. Le promu a vite fait de le changer, pour que tu ne lui casses plus les pieds avec tes doléances et tes discours subitement bidon. Il n’a plus le temps de t’écouter et tu dois le savoir. Quand bien même tu devais lui apprendre que sa mère laissée au village est mourante, tu es obligé d’essayer d’autres moyens pour lui mettre la main dessus. Ne t’avise pas, cependant, à essayer le bureau, à moins que tu aies toute la matinée à perdre. D’abord, il ne sera pas là de toute la journée, ensuite, sa secrétaire ne sera pas capable de te dire quand il sera libre. Le maximum qu’on pourra faire pour toi, c’est de te demander ton nom et de te programmer sur la liste d audiences, sans aucune autre forme d‘engagement.
Alors, perdu le cher ami à qui tu prodiguais, naguère, de si bons conseils ? Peut-être pas. Mais, il faudra surement attendre les prochaines joutes électorales ou une autre alternance pour tenter de renverser la tendance.