De la liberté syndicale à la liberté d’association, en passant par la liberté d’expression, les permissivités de notre charte fondamentale qui garantissent la création et l’épanouissement des partis politiques au Sénégal n’en finissent pas. D’ailleurs, en passant en revue la constitution Sénégalaise, on se rend compte que la nécessité d’encadrer ou de rationnaliser la création des formations politiques au Sénégal a été sacrifiée sous l’autel des impératifs démocratiques, du reste, quelques fois, exubérants.
La conséquence logique et malheureuse d’une telle situation est la naissance de partis politiques tout azimut. Ainsi, suite à des bisbilles avec son leader politique ou juste par envie d’être « chef », on crée son propre parti politique. « La soif de dominer est celle qui s’éteint la dernière dans le cœur de l’homme » aurait dit le célèbre penseur Nicolas Machiavel. Avec une conception jusqu’au-boutiste de la liberté d’association, notre pays fait face à une folle prolifération de partis politiques.
A l’heure actuelle, on dénombre plus de 230 partis politiques pour quelques 14 millions d’habitants, et tout au plus 5 millions d’électeurs au Sénégal. Au lieu de mobiliser nos énergies sociales de façon rentable pour sortir notre pays de l’incurie économique voire de la misère, on y érige la politique politicienne en profession. Il suffit tout simplement de se rendre tristement célèbre par des dérives langagières pour faire le « buzz ». Peu importe l’impertinence des idées avancées, pourvu seulement qu’elles soient criées avec un semblant de conviction qui frise la comédie.
Au-delà de ces considérations, la multiplication incontrôlée des partis politiques au Sénégal pose le problème de leur financement dont la licéité est quelquefois douteuse. La configuration actuelle de notre champ politique expose notre pays à l’activisme des «lobbies» et de réseaux de «narcotrafiquants» qui rodent autour des partis politiques dans l’espoir de les embrigader dans la défense de leurs propres intérêts. Autant dire tout simplement que le financement des partis est au même titre que la rationalisation de leur création un enjeu de sécurité nationale avec notamment la possibilité que de «l’argent étranger (incontrôlé) entre au Sénégal».
Quoi qu’il en soit, force est de constater que relativement à la création et la gestion des formations politiques au Sénégal un changement de paradigme s’impose de toute urgence. Dans cette logique, en plus des contraintes administratives et matérielles classiques, l’exigence à tous les partis politiques de participer régulièrement aux élections, et l’obligation d’obtenir des résultats électoraux équivalents au minimum à 5%, pourrait être un bon début de solution.
Abdoulaye FALL
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