Précurseur de la monétique au Sénégal, la SGBS fait partie, depuis 1995, des leaders du marché avec le premier réseau de monétique commerçant du pays. Loin de dormir sur ses lauriers, elle ambitionne de bancariser le maximum de Sénégalais à travers les produits dédiés à tous les segments et elle lancera une offre e-commerce de paiement en ligne au 3èmetrimestre 2015. Et la Banque Islamique (BIS), un autre acteur majeur, anime le débat sur le sujet pour une offre plus diversifiée afin d’accélérer la bancarisation des populations.
La SGBS a créé le 1erdépartement monétique du Sénégal en septembre 1995. Au début, c’était un petit service, d’où le statut de précurseur. La première offre monétique consistait à mettre en place un réseau de distributeurs automatiques de billets.Au début de l’aventure, il n’existait que la fonction distribution de billets avec des cartes de retrait. Puis, la banque a proposé la fonction paiement sur les cartes bancaires. Ces solutions innovantes, pour l’époque, permettaient de dégrossir les guichets aux heures de pointe.
Aujourd’hui, 20 ans après, le marché de la monétique se porte bien,à en croire Papa Mbassor Sarr. « La monétique, c’est un secteur porteur et innovant. Du coup, ça suscite l’intérêt de toutes les banques qui ont l’objectif de bancariser le maximum de Sénégalais », déclare le Directeur des Traitements bancaires de la SGBS.
Quant à la Banque Islamique du Sénégal (BIS), son service monétique a été créé en 2002, au sein de sa Direction des Systèmes d’Information. C’était pour mettre en place une plateforme monétique et une force de proposition de nouveaux produits monétiques en corrélation avec les nouvelles technologies.
Appréciant l’évolution de la monétique au Sénégal, Ousmane Ndiaye, Directeur Informatique de BIS, pense que « le marché des services financiers électroniques est aujourd’hui en plein essor au Sénégal et dans toute l’UEMOA. Nous avons un Switch monétique régional, GIM UEMOA, qui facilite l’interbancarité et l’interopérabilité entre ses membres que sont des banques et les institutions de microfinance. En plus, les banques de la place ont formé avec le GIM UEMOA, un organe appelé Comité Monétique National pour débattre des difficultés et pour y apporter des solutions. BIS en assure la présidence actuellement. Notez que plusieurs acteurs interviennent dans ce secteur. Nous autres, banques, avons la responsabilité de garantir la sécurité, l’intégrité et la faisabilité des opérations monétiques. Il y a également l’arrivée des Emetteurs de monnaie électronique (EME) et quelques opérateurs téléphoniques sur ce marché ».
Sarr(SGBS) estime qu’à l’ère de la mondialisation, tout ce qui a trait à la monnaie électronique et aux éléments de dématérialisation, est une opportunité à saisir pour s’ouvrir au monde. L’époque des voyages à l’étranger avec un sac rempli de billets de banque est révolue. Maintenant, on peut faire des achats sur internet, se parler sur internet, travailler depuis sa chambre à des milliers de kilomètres de son bureau de manière tout aussi efficace que pratique grâce aux progrès de l’informatique.La connectivité est devenue indispensable. Au niveau de la SGBS, ils l’ont tellement compris qu’ils s’efforcent à satisfaire toutes ces différentes envies de leur clientèle par des offres dédiées. « Notre créneau, c’est la qualité de nos services et la satisfaction de la clientèle. On est tenu d’écouter, de comprendre, de synthétiser les besoins de nos clients et de les concrétiser en leur donnant une offre de produits qui réponde à ces besoins-là ». Pour arriver à un résultat probant, la SGBS sait qu’il ne suffit pas de donner à ses clients une carte de crédit, il faut aussi qu’ils puissent effectuer des achats avec cette carte au niveau des commerces. Cela règle la problématique de la sécurité des transactions pour le commerçant. Cela accélère aussi la rapidité de ses transactions et augmente la productivité de son entreprise.
Pour M. Ndiaye (BIS), toutes les franges de la population représentent une cible parce que la Banque Islamique propose des produits monétiques adaptés à tous. « Aux personnes physiques (bancarisées ou non) et les entreprises, nous offrons des produits et services, utiles et adaptés à notre environnement et qui facilitent l’utilisation de leurs comptes ou leur fonds avec toute la sécurité nécessaire. Il faut noter que la monétique ne concerne pas seulement les cartes et les GAB. L’Internet banking et le Mobile banking sont aussi des moyens efficaces pour utiliser les services financiers ».
Les parts de marché de la Société Générale sont importantes en monétique. Dans ce secteur, il existe certaines variantes :« On a la monétique porteur (les cartes), la monétique commerçante (les TPE) et les Guichets Automatiques de Banque. Sur la monétique commerçante, la SGBS dispose d’un large réseau avec des centaines de TPE détenus par ses clients. On a aussi un large éventail de cartes allant des cartes privatives uniquement pour les retraits aux cartes de paiement internationales pour les particuliers et entreprises, en passant par des offres destinées aux salariés à faible revenu ».
Immixtion des sociétés de téléphonie
Interpellés sur l’immixtion des opérateurs de téléphonie dans la monétique au Sénégal et à travers le monde, M. Sarr(SGBS) dit ne pas être inquiet. Pour lui, elles œuvrent utilement aux côtés des banques à la bancarisation des Sénégalais, qui est nécessaire au développement du pays. Des partenariats se créent ainsi entre opérateurs et banques et il est probable que cela s’intensifie à l’avenir.
D’après M. Ndiaye (BIS), les sociétés de téléphonie ne constituent pas une réelle menace pour les banques. « Elles proposent, aujourd’hui, des portefeuilles électroniques plus accessibles à certaines tranches de la population. Mais, les services financiers ne se limitent pas seulement à cela. Je pense qu’elles œuvrent, tout comme nous, à une meilleure inclusion financière dans notre pays et dans l’UEMOA. Aussi, nous considérons que cette population, déjà familière au portefeuille électronique, aura déjà fait un grand pas vers la bancarisation ».
A propos du cadre juridique, la question était de savoir s’il pouvait être amélioré pour un meilleur accompagnement des banques, Mbassor Sarr salue d’abord la création du GIM-UEMOA. Une solution monétique communautaire qui permet à de nouvelles banques, qui n’ont pas les mêmes moyens que celles qui sont déjà installées comme SGBS, d’offrir des services monétiques à leurs clients. « Elles peuvent ainsi avoir accès à une monétique et permettre à un client de bénéficier d’une carte. Ce qui est une très bonne chose parce que l’inter-bancaritéest de fait, c’est-à-dire quand vous êtes client d’une banque, membre du réseau GIM, vous pouvez avoir une carte sur l’international, sur le national, vous pouvez aussi retirer de l’argent dans toute banque. Du coup, ce système permet de démocratiser et faciliter l’accès à la monétique. Dans l’UMEOA, ce dispositif a ainsi été salué parce que beaucoup de banques nouvelles ont pu offrir à leurs clients une offre monétique », souligne t-il.
Quant au Directeur informatique de BIS, il pense l’Etat doit veiller à ce qu’il y ait un marché financier sain et crédible. « La première des choses à faire, serait de créer un cadre juridique qui situerait les responsabilités en cas de litige comme il en existe, aujourd’hui, pour les incidents de paiements par chèques ». Il poursuit en soutenant que « l’Autorité de régulation des Télécoms (ARTP) devra veiller à ce que les entreprises de téléphonie fournissent des services télécoms de qualité avec des taux de disponibilité avoisinant les 100%. Surtout maintenant que ces entreprises offrent des services monétiques, il ne faudrait pas que leurs « concurrents » soient lésés.En plus de cela, il faudra veiller à ce que l’ensemble des acteurs délivrent les meilleures pratiques. Cela peut se faire en encourageant et vulgarisant certaines certifications aujourd‘hui courantes dans le domaine des TIC comme les ISO 27000 ou le PCI DSS ». Il informe que, dans le domaine financier, le cadre juridique est défini par l’Etat mais que la réglementation l’est par la BCEAO. « Il faut reconnaitre qu’à ce niveau, beaucoup de choses sont en train d’être faites pour encourager les systèmes de paiements électroniques.Une mesure à prendre aussi, mais qui n’a rien de juridique, est une bonne fourniture en électricité sachant que les transactions électroniques sont installées sur de plateformes devant être disponibles pour permettre des opérations 24h/24 et 7j/7 », plaide-t-il.
Réussir Business