Denise Preira, 80 ans, a fait forte impression pour ce qui devrait être sa dernière participation au pèlerinage marial de Popenguine, dans le groupe de tête des nombreux fidèles qui ont rallié à pied cette cité religieuse du département de Mbour (ouest), dimanche en fin d’après-midi, a constaté l’APS. Soutenue par son petit-fils et sa petite-fille, elle a pu terminer sans problème les 52 kilomètres séparant Dakar de Popenguine, à force de volonté et d’endurance, sous le regard impressionné de ses accompagnateurs. Habillée d’une robe bleue, un chapeau sur la tête, des gouttes de sueur perlaient sur son front, témoignant des efforts miraculeux que la foi seule pouvait lui permettre. C’est dire si celle qui passe pour être la doyenne des fidèles de la paroisse des martyrs de l’Ouganda, à Dakar, peut être fière de sa marche, le résumé d’une démarche de foi. La voix à peine audible, les lèvres desséchées par ses efforts de ces dernières heures, elle trouve malgré tout la force de rappeler à qui veut l’entendre que sa première marche pour rallier Popenguine date de 1982. « C’est ma dernière marche cette année, j’ai pris de l’âge, mais le chemin a été plein de beaux souvenirs », ajoute-t-elle tout de suite, toujours soutenu par ses petits enfants qui ne cessent de lui assurer qu’elle demeure leur « idole », leur « exemple » et leur « amour ». Tout se passe comme si démarche de Mme Preira, telle une véritable pédagogie de la foi, semble avoir revigoré plusieurs contingents de fidèles venus à pied de toutes les paroisses du pays, pour louer Marie, mère du Christ. En dépit du long trajet et des efforts consentis, certains parmi eux étaient particulièrement enjoués et en forme, à l’image de ces jeunes de Yeumbeul arrivés à Popenguine à pied en compagnie de leur maire, Bara Gaye. Le jeune édile, de confession musulmane, explique sa participation par sa volonté de partager « de grands moments avec ses sœurs et ses frères chrétiens ». A mesure que les minutes passaient, l’attraction suscitée par Denise Preira s’estompait petit à petit, pendant que les pèlerins continuaient d’arriver par groupe de centaines, accueillis par un concert de chants et de danses. Ainsi de Taizieana, une Italienne qui se dit « impressionnée par la foi de tous ces gens bravant le soleil et la soif pour effectuer » le pèlerinage marial de Popenguine. Elle en est pour sa part à son premier voyage à pied, Souriante, Taizieana a tenu à encourager, dans un français approximatif, chrétiens et les musulmans du Sénégal « à prier ensemble pour la paix dans le monde ». Yvone, elle, peut à peine marcher, soutenue par son frère aîné. De Dakar à Popenguine, seulement deux pauses sont autorisées, une à Yenne et une autre à Toubab Dialaw, dit-elle pour justifier son état physique. »J’ai mal aux pieds et partout », assure cette fidèle.
Senego