« Si je savais quelque chose qui me fût utile, et qui fût préjudiciable à ma famille, je le rejetterais de mon esprit. Si je savais quelque chose utile à ma famille, et qui ne le fût pas à ma patrie, je chercherais à l’oublier. Si je savais quelque chose utile à ma patrie, et qui fût préjudiciable à l’Europe et au genre humain, je le regarderais comme un crime. » (MONTESQUIEU, Pensées diverses, Portrait de Montesquieu par lui-même.)
Son Excellence Monsieur le Président ne se trompe pas dans ses raisonnements, lui qui aime marteler « La Patrie avant le parti». Bon signal pour qui donne de l’importance à la bonne gouvernance. Que l’on ne se méprenne pas sur le sens de cette assertion. De mes cours de grammaire je crois avoir retenu que le mot « avant », pris comme préposition, indique soit une priorité de temps ou une antériorité dans l’espace. Il s’oppose à « après ». La formule « La patrie avant le parti » a une allure litotique (atténuation de l’expression de la pensée pour faire entendre le plus en disant le moins). On entend « Le parti après la patrie ». Même s’il ne le dit pas ouvertement, on sait que tout président est président d’une république, de tout un peuple. Cela veut dire qu’il est censé agir pour l’intérêt supérieur de la nation et non au seul profit de son parti. Le Président de la République sait pourquoi il a été élu. Aussi, dédie-t-il ses efforts à l’intérêt public en consacrant beaucoup de temps à la patrie. Mais le temps de la patrie ne saurait éteindre celui du parti. Il est tout simplement prioritaire. Aucun homme politique n’a jamais dit « La patrie uniquement, jamais le parti ». A ce jour, tous les présidents qui se sont succédé à la tête du Sénégal indépendant ont emprunté la voie des partis politiques. Ceux qui perdent le pouvoir tentent également de le reconquérir par le biais des partis politiques. Qui plus est, on n’a pas encore vu un président renoncer à son statut de « Numéro Un » du parti qu’il a lui-même créé ou qui lui a été légué. C’est dire que l’amour du parti consolide celui de la patrie. Nul ne peut convaincre de son attachement à la patrie en restant indifféremment détaché des réalités qui lui donnent toute sa substance et sa quintessence. Michelet a vu juste en affirmant que « La patrie, c’est bien en effet la grande amitié qui contient toutes les autres. J’aime la France, parce qu’elle est la France, et aussi parce que c’est le pays de ceux que j’aime et que j’ai aimés» (Michelet, le Peuple, III, 1). Dans la même optique, chaque Sénégalais peut dire « j’aime le Sénégal parce que c’est le pays de mes camarades de parti et de tous les militants, le pays de tous ceux que j’aime ».
Le Président de la République, en homme de conviction, a le sens des responsabilités. Il gouverne en gérant les priorités même s’il a une vue panoramique de tout ce qui l’attend. En mettant la patrie avant le parti, il évite de mettre la charrue avant les bœufs. Tout comme nous, il est toujours prêt à mourir pour la patrie. Cependant, il doit aussi penser à nourrir son parti. Nourrir pas dans le sens de distribuer des vivres aux militants, de leur donner à manger. La sustentation se fera plutôt par une animation saine, une prise en charge méthodique du parti qui nous est si cher et qui se nomme « Alliance Pour la République (APR)». Nourrir le parti pour lui éviter de pourrir ou de mourir. L’APR est un parti très jeune, âgé seulement de ses sept (07) ans. Mais la jeunesse c’est aussi la vivacité, l’adresse, l’animation, la vigueur et l’épanouissement. L’APR est un grand parti mais il n’est pas à son apogée. Un grand parti ce n’est pas un parti massifié ou qu’on cherche à adapter tous azimuts à la masse. Toute massification, si elle n’est pas judicieuse, conduit à la dépersonnalisation. Très souvent, dans le processus de la massification « où l’individu semble disparaitre, surviennent de curieux problèmes d’individuation » (Henry LEFEBVRE, La Vie quotidienne dans le monde moderne). En prônant la massification, c’est-à-dire la transformation d’un groupe (société, parti politique, etc.) en masse anonyme, on court concomitamment le risque de la dépersonnalisation (action d’enlever la personnalité, l’originalité). Quand on perd son originalité, sa personnalité, on devient banal. Je ne reviendrai pas sur le débat de la transhumance politique. Sinon, si je dois en parler, ce sera juste pour dire qu’elle participe du processus de massification. Faite d’une certaine façon, elle peut être dépersonnalisante.
L’APR, on ne le répétera jamais assez, est un grand parti. Il doit le rester. Pour cela, il faut de l’animation et de l’organisation qui ne signifie pas forcément structuration. Nous devons travailler à cela. La patrie avant…oui, mais ce sentiment ne nous interdit pas d’adorer Dieu, de vivre notre vie de famille ; il ne doit pas être préjudiciable à la vie du parti. Il y a une opposition qui cherche à conquérir le pouvoir et qui se préoccupe aussi de la patrie. Cette même opposition, si patriotique qu’elle soit, survit en s’organisant autour de partis politiques. Elle a ses priorités qui sont peut-être différentes des nôtres. Pourtant, rien ne lui interdit de clamer « la patrie avant le parti » tout en privilégiant les intérêts du parti. La patrie, pour reprendre Martin Du Gard, fait partie des « miroirs à alouettes ». Ne nous laissons pas prendre au piège ! C’est mordre à l’hameçon que d’oublier « que la patrie n’est pas tout, et que l’homme est antérieur et supérieur au citoyen » (RENAN, Vie de Jésus).
Amis de l’APR, gens de bien parmi les Sénégalais, nous avons besoin d’une alliance forte autour du Président. Charité bien ordonnée commence par soi-même. Continuons de bâtir un parti fort et respectable. Les partis qui choisiront de s’allier avec l’APR suivront la cadence. Aimons notre patrie et notre parti. Pour la gestion des affaires de la Cité, sachons compter sur l’impartialité de son Excellence. En avant le parti ! Chantez « La patrie avant, le parti APR » !
(Moussa NDIAYE, Proviseur du Lycée Dahra 1, Maire de la Commune de Thiamène-Pass)