« Le mot arbitraire (…) ne doit pas donner l’idée que le signifiant dépend du libre choix du sujet parlant (…) nous voulons dire qu’il est immotivé, c’est-à-dire arbitraire par rapport au signifié, avec lequel il n’a aucune attache naturelle dans la réalité. » (F. DE SAUSSURE, Cours de Linguistique Générale, I, I, § 2, p. 101.)

Dans son « Cours de Linguistique Générale », Ferdinand de Saussure a fait apparaitre le caractère arbitraire du signe linguistique. En illustration à sa théorie, il est permis de citer le bel exemple de « Bennoo Bokk Yaakaar» pris comme nom ou « signifiant » pour lequel est attendu un sens ou « signifié ». Cette « alliance » éclaire davantage en sémiologie et en sémantique puis que la dénomination illustre fort bien que « signifiant » est opposé et lié à « signifié ». Mais, dans un pays qui se nomme « Sénégal » ayant pour devise « Un Peuple-Un But-Une Foi », une osmose de la linguistique vers l’intellection simpliste accessible à tous doit s’opérer pour (dé)montrer que le concept « Bennoo Bokk Yaakaar » n’est que du verbiage, une agrégation de mots vides de sens car n’ayant « aucune attache dans la réalité. » Décortiquons les termes qui composent l’appellation.
Bennoo : Union, unité, s’unir
Bokk : Partager, posséder (quelque chose) avec d’autres personnes
Yaakaar : projet, espoir, attente, solide conviction
Ainsi, lorsqu’on dit « Bennoo Bokk Yaakar », on peut traduire par « Unis pour le même projet » ou « Unissons-nous et nourrissons le même espoir » ; ce qui sous-entend que ceux du peuple qui s’engagent dans le pacte (les alliés) doivent avoir la même conviction, viser le même but et les mêmes projets pour pouvoir espérer ensemble (foi). Cependant l’impression qui se dégage à travers « Bennoo Bokk Yaakaar » est qu’il s’agit d’une coalition dont les composantes visent des buts différents, développant par moments une mauvaise foi car étant à la fois pour et contre. Toute alliance saine est entente, accord, union contractée par engagement mutuel, qu’il s’agisse de vie politique ou conjugale ou de n’importe quelle autre association. Si on mesure le degré d’entente au sein de la coalition « Bennoo Bokk Yaakaar », on est d’accord qu’ils ne sont pas d’accord. Dans la « sainte alliance », on décèle toujours des notes de mésintelligence, de brouille et de discorde. J’en bave des ronds de chapeau ! Question : une coalition de partis peut-elle porter un candidat à la magistrature suprême et refuser de l’y maintenir tout en siégeant ensemble dans le même gouvernement ? Siéger ensemble dans le même gouvernement n’est pas un crime. Mais, dans un attelage gouvernemental, la solidarité doit être cultivée, la discordance et la disharmonie bannies. Ici les responsabilités s’assument ensemble et l’équipe regarde dans la même direction : l’Emergence du Sénégal. Quant ça cloche, les réglages se font en Conseil des Ministres et non à travers des sorties irréfléchies ou des piques et acrimonies dans les media. Le Président de la République, Son Excellence Macky SALL doit travailler à trancher le débat pour que les masques tombent enfin. Quel intérêt y a-t-il à entretenir des partis politiques, à gaver certains politiciens pour les préparer à un futur combat contre vous ? Il doit inviter ses alliés à se prononcer sur leur candidature ou non. Qu’on ne se trompe pas : une bonne alliance n’est pas un contrat limité dans le temps avec des intérêts différents. Elle n’est pas un alliage, c’est-à-dire mélange peu harmonieux ou apport qui rend impur. Honoré De Balzac avait raison qui disait que « les alliances d’intérêts contraires ont peu de durée». IL est temps de siffler la fin de la récréation dans cette cour de contradictions générales qu’est « Bennoo ». Je ne lui demande pas de sonner le glas de la coalition mais de s’assurer qu’elle existe d’abord et subsiste pour l’intérêt commun. Comment ? En invitant les alliés à décider de la candidature unique au sein de l’alliance (lui, s’il vise un deuxième mandat, ou un autre le cas contraire) et en se débarrassant d’une partie de ses alliés, de ceux qui chantent faux dans l’orchestre, de toutes ces voix discordantes qui, visiblement, émergent parce que s’opposant à la voie de l’Emergence qu’il a tracée. En tant que militant de l’APR, je profite de l’occasion pour tirer mon chapeau au Président Moustapha NIASSE qui a déjà choisi Son Excellence Macky SALL comme son candidat pour les prochaines joutes électorales. Voilà l’exemple type d’un bon allié. Quand on est alliés, on l’est pour le meilleur et pour le pire ! Naturellement, je m’étonne que l’on ne soit pas étonné de tout ce tambourinage et de cette verbomanie autour de Bennoo Bokk Yaakaar alors que la matérialisation bat de l’aile. Le Sénégal n’est plus à l’ère des slogans, des bluffs, des bourrages de crâne et des montages politiciens mais à celle des grandes réalisations et des jalons vers l’Emergence telle qu’elle est prônée à travers le PSE. D’ailleurs un slogan ce n’est pas mauvais mais il faut obligatoirement de l’action combinée avec de la bonne foi pour lui donner de la valeur. J’aurais bien aimé que le livre de la coalition ne soit pas une simple fiction. Sinon, s’il devait l’être, qu’il le soit de la manière de « cette fable dont le récit est menteur et le sens est véritable » (La Fontaine, Fables, V, 10).
Je finirai par dire que je suis des « mackistes » et de tous ceux-là qui sont convaincus que Son Excellence Le Président de la République est un homme de conviction. Qu’il n’oublie pas qu’il avait convaincu le peuple et vaincu une coalition, une alliance (le PDS et ses alliés) par la grâce du Seigneur Tout-Puissant. Sa réélection ne sera pas nécessairement subordonnée à la souscription à une fausse alliance. Elle ne se fera pas non plus à travers une confiance aveugle placée en des acolytes versatiles ou lorgnant son fauteuil. Un homme de conviction n’a pas besoin de sceller des alliances avec les pantins et les girouettes. Il place toute sa confiance en Dieu et travaille dignement en y mettant beaucoup de conscience pour s’attirer l’estime du peuple qui reste le meilleur allié. C’est faire preuve d’honnêteté et agir dans la probité morale et intellectuelle. Je partage cette pensée de Gide : « Cette estime, je souhaite de ne pas la perdre, mais certainement, je préfère la perdre que la devoir à un mensonge, ou à quelque malentendu ». Son Excellence le Président Macky SALL ne doit pas avoir peur de se séparer des politiciens fantasques. Qu’il reste endurant face aux critiques fallacieuses : elles sont une émulation. Qu’il ignore les dénigrements en s’appuyant sur les paroles de Gide : «De tels dénigrements, au lieu de m’accabler, m’exaltent et même plus profondément que des louanges ». Il y a toujours une majorité de Sénégalais qui l’apprécient beaucoup nonobstant la résistance de ses dépréciateurs. Je l’invite solennellement à s’inspirer de ces versets du Coran dans son combat de tous les jours :
– « Mais oui! Si vous êtes endurants et pieux, et qu’ils [les ennemis] vous assaillent immédiatement, votre Seigneur vous enverra en renfort cinq mille Anges marqués distinctement.» (Aal-i-Imraan: 125)
– « Maintenant, Allah a allégé votre tâche, sachant qu’il y a de la faiblesse en vous. S’il y a cent endurants parmi vous, ils vaincront deux cents; et s’il y en a mille, ils vaincront deux mille, par la grâce d’Allah. Et Allah est avec les endurants.» (Al-Anfaal: 66)
– « Si Allah vous donne Son secours, nul ne peut vous vaincre. S’Il vous abandonne, qui donc après Lui vous donnera secours? C’est à Allah que les croyants doivent faire confiance.» (Aal-i-Imraan: 160)
Amis de l’APR, gens de bien parmi les alliés, osons le dire : nous voulons de « Bennoo » mais d’un « Bennoo » mis à jour dernière version ; c’est-à-dire « Bennoo Bokk Yaakaar Bokk Benn Mbër » (Mbër = candidat). Oui pour une alliance où les opinions sont phagocytées dans le moule harmonisant des exigences du contexte économique et politique de notre pays juché sur la rampe de l’Emergence !
(Moussa NDIAYE, Proviseur du Lycée Dahra 1, Maire de la Commune de Thiamène-Pass)

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