Depuis plusieurs années, l’école publique du Sénégal est souvent confrontée à des grèves intempestives qui rongent drastiquement la qualité des enseignements-apprentissages. Dans cette mascarade que rien ne peut justifier, les enfants des masses populaires pauvres subissent.
La conséquence saute à l’œil nu : une production en quantité d’enfants inaptes et dangereux pour la société dans l’avenir.
Quelles sont les raisons qui fondent cette catastrophe et quelles solutions faut-il préconiser ?
De prime abord, on rappelle que notre développement tant souhaité par le Sénégal, ne peut se réaliser dans ce climat de dédain et de négligence de l’école publique.
En effet, on ne dispose pas de ressources aussi disponibles et aussi fertiles que nos ressources humaines. Mais l’Etat a toujours semblé ignorer cette réalité en reléguant cette prestigieuse institution à un plan insignifiant. C’est alors le maquillage avec des violations d’accords, des blocages d’avancement des enseignants, de l’injustice dans les traitements des revenus des fonctionnaires, les effectifs inconcevables, des abris éternisés au lieu d’être provisoires, bref la sourde oreille face aux revendications des enseignants.
Par moments, il m’arrive de penser amèrement que les enseignants sont mal aimés par tous les régimes qui se sont succédés au Sénégal de DIOUF à MACKY. Ont-ils raisons, eux qui ont été formés par cette même école, gratuitement, grâce à la contribution, par les impôts de la nation qu’ils tournent le dos aujourd’hui ?
Les responsables des Etats extraient leurs progénitures du public et sabotent l’appareil de la masse populaire. Tous les cadres au Sénégal ont leurs enfants au privé et restent le plus souvent froid devant la mutilation de l’enfant du pauvre et l’humiliation des enseignants.
Des augmentations de salaires que l’on ne peut loger que dans le volet politicien, et dégradant chez l’enseignant, ruinent le climat du dialogue entre Etat et ce dernier.
Et au même moment où l’Etat brandit le manque de moyens, il construit des monuments, des salles de conférences et des routes inopportunes. Bref, les Etats sont dans une logique de destruction de l’école publique en déphasage d’idées d’une éminente personnalité française qui s’écriait en ces termes : un pays qui néglige l’éducation de ses enfants se suicide.
Hamadou hampathé ba renchérissait avec son ouvrage titré : « éduquer ou périr ».
Même les femmes dirigeantes dans la guerre pour la conquête de la parité, parce qu’elles ont leurs enfants ailleurs, ne parlent même pas de ces perturbations qui ruinent les enfants des femmes démunies des campagnes : aucune solidarité.
Dans ce sillage, les parents du public ne réclament point le droit à l’éducation de leurs enfants : leur mutisme ignorant avait poussé l’élève MOUHAMADOU kouyaté de dire en 2012 que leurs parents ne s’occupent pas d’eux mais s’intéressent plutôt à la politique.
Il a raison car, je n’ai jamais vu une marche de parents pour le droit de leurs progénitures à l’éducation et, ces mêmes parents se tuent dans des marches politiques comme à Sangalkam entre autres. Aussi, ignorent-ils le contenu des revendications et s’empressent d’accuser ces vaillants messieurs et mesdames, accusation qui prend les élans d’une litanie populaire.
Et sous un autre angle, les nombreux syndicats d’enseignants, aux intérêts divergents, sont accoutumés à lever des mots d’ordre pour éviter de supporter la responsabilité d’une année blanche. Et, c’est parce que l’Etat les assimile à des peureux qu’il s’appuie sur des promesses pour différer les conflits : les années ne sont alors jamais blanches mais régulièrement amputées du tiers de leur quantum, au détriment de nos enfants.
Les syndicats communiquent mal et peu avec les sénégalais. Ils préfèrent mettre les moyens dans leurs déplacements en laissant la nation-juge, sans informations.
Les solutions pour revenir à la normale peuvent être condensées comme suit :
-L’Etat doit plus de respect aux enseignants dans le traitement salarial et le respect des accords. Ikhra est la première leçon pour l’humanité. Gardons cela en tête en tant que musulman.
– on n’extrait pas son enfant pour ensuite brûler la case : leurs enfants sont dans de bonnes conditions d’études au privé et ils veulent détruire « l’école populaire »
– les parents doivent s’impliquer dans la recherche de solutions comme ils le font en politique : leurs enfants perdent et prendront la relève de la pauvreté car, ils recevront une mauvaise éducation scolaire. Je ne crois point à ce bureau national des APE du Sénégal qui est composé de vieillards aux positions peu éloignées de celles des Etats.
-les syndicats doivent davantage communiquer en français et en langues nationales, à la télé et à la radio, de façon continue, avec des exemples concrets, pour expliquer aux sénégalais l’injustice qui mine le système : ne dilapider pas les cotisations des enseignants dans des déplacements seulement.
– Enfin, la peur doit cesser.
Les enseignants ne peuvent plus supporter en effet, des arrêts de mouvement de grève en MAI ou JUIN sans un résultat clair. On ne réussit rien sans le courage et une bonne tactique.
En somme l’Etat doit se ressaisir au nom de l’équité, du respect des serments de campagne et de l’importance qui s’attache à notre unique mamelle : l’éducation.
TALLA BA ENSEIGNANT, directeur de l’école élémentaire de Melakh

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