Existe-t-il un seul motif compréhensible aux yeux du monde pour que Berlusconi reste au pouvoir s’étrangle Pier Luigi Bersani du Parti démocratique italien ? Que dire du vieil homme sénégalais ? Plus de cent jours après la vindicte populaire du 23 juin 2011, que reste-t-il du siège de l’Assemblée nationale du Sénégal ? Que devient le cri de ralliement Touche pas à ma Constitution qui a fusé autour de la Place Soweto la bien nommée en ce jour mémorable de délivrance de la monarchisation et de germination d’une conscience citoyenne atavique ?
Plus qu’un simple slogan, la philosophie du Mouvement du 23 juin est entrain de gagner du terrain à travers le Sénégal et au niveau de sa Diaspora. Le M23, c’est du beau monde et de la culture. Rarement entité n’a rassemblé autant de gens déterminés et mesurés. S’y ajoute l’esprit « Y’en a marre » qui force le respect par tant de clairvoyance, de mots d’ordre réalistes et de don de soi. Vu sous cet angle, nous adhérons massivement toutes et tous à la révolution du 23 juin. Corps et âmes. Et nous sommes « Y’en a marristes » de cœur ou de raison parce qu’admiratifs devant un discours aussi plein de sociologie et qui plus est d’une simplicité difficilement égalée. Le « N.T.S. », c’est du sérieux. A regarder de près au plan diachronique, rien n’est spontané. Les actes posés sont l’expression encore douce d‘une frustration contenue cette décennie durant. Et le feu couve sous la cendre.
Forts des idéaux du M23 consolidés par le travail des acteurs de tous bords et les serviteurs de la société civile, les Sénégalais imbus des valeurs cardinales de la République et épris de justice trouvent légitime le soulèvement citoyen des forces vives de la Nation pour éviter l’impasse du troisième mandat plus qu’inconstitutionnel de Abdoulaye WADE. Ce combat est une responsabilité historique.
Sa candidature à un troisième mandat est autant irrecevable qu’invalide. Le vœu est un scandale ; l’acte serait une forfaiture. En effet, violation avérée de notre Charte fondamentale, elle est indéfendable à tous points de vue. La majorité des Sénégalais n’acceptent pas que Wax Waxeet aille à l’élection présidentielle de 2012. Trop c’est trop. L’opposant chantre de la séparation des pouvoirs, théoricien de l’indépendance de la justice renie son passé. Adepte de l’introspection verbale, il ne cultive point le sens de l’altérité. Monsieur La case de Birama brûle ne croyait pas si bien dire : son mentor pense en démocrate et agit en dictateur. Renversant !
Face à une telle volonté, il ne doit y avoir qu’un seul front qui appelle à la riposte populaire et mène le combat contre la fuite en avant. Point n’est besoin de savoir qui détient la paternité de l’irrecevabilité, qui est le visionnaire. Hic et nunc, il nous plaira de tirer le chapeau à la vigilance et à la maturité des politiques. Egalement de remercier l’aréopage courageux d’universitaires. Lux mea lex. Ils ont décrypté le texte qui plus que de la prose constitutionnelle est du domaine scientifique. « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme. » Cependant, faisons chorus : Tous contre Lui. Pour faire utile. Tout le reste n’est que dialectique nonobstant l’effroyable traumatisme post 2000 subi par la plupart de la classe politique. Là encore, c’est le machiavélisme wadien ! Benno seulement et rien d’autre.
Il est clair qu’aucune mobilisation ne sera de trop face à un régime dont le gourou ne connaît que les rapports de force et d’argent tandis que les doungourous pour la plupart dénués de tout sens de la démocratie ont fini de démanteler l’Etat avec une désinvolture sidérante. Aucune institution n’est intacte ; aucun corps constitué n’est épargné. En attendant de quitter le navire, les Libéraux fanfaronnent à qui mieux mieux. Même si à l’actif de leur chef, un démiurge qui fait trop souvent dans la démesure, des réalisations existent ; il ne s’agit pas de solder son passif. Au moment opportun, les Sénégalais y reviendront. En un mot comme en mille, Wade est atteint par la limite imprescriptible du nombre de mandat.
Certes, le Sénégal est à la croisée des chemins. L’on ne le dira jamais assez. Pourtant, il survivra au bourreau de l’Etat de droit. Mais la postérité n’a que faire d’un pays en lambeaux qui a suffisamment perdu de temps dans ce millénaire de la vitesse. Dans cet imbroglio constitutionnel, Wade tient la poignée de la porte ; les Cinq Sages plus que jamais arbitres du jeu toutefois mal nommés détiennent la clef ; cependant le Peuple debout ouvrira la porte avec son passe démocratique. Le Sénégal a rendez-vous avec l’Histoire ; Wade ne doit pas manquer ce banquet. Chacun doit jouer sa partition dans le sens de la loi constitutionnelle. Force doit rester au peuple. La res publica aux citoyens. Son souhait est une intention coupable. Candidat, c’est un flagrant délit continu. A dépassement de mandat, il serait passible de sanction de dégagement par le Constituant premier à savoir le peuple.
Subséquemment, toutes les entités, au- delà du Mouvement du 23 juin 2011 doivent veiller au grain. Comme des sentinelles, leur devoir est d’alerter le peuple sénégalais au moment opportun. Parce que le Chef des libéraux éprouve la réaction du peuple plus qu’il ne bluffe. L’avant-goût de son jeudi noir du 23 juin 2011 semble ne pas rencontrer d’écho. Il reste que le peuple fera face. La Jeunesse est interpellée.
En outre, quand le jour poindra sur tous les méfaits commis par ce régime monstrueusement despotique et ridiculement prébendier, l’indignation sera à son comble. Ce régime a jeté le froc démocratique aux orties de la patrimonialisation du pouvoir. Une année entière ne suffira pas pour répertorier dans le mince espoir de réparer les dommages subis par la nation sénégalaise à l’aune d’un jour par scandale. Pour l’heure, le Président élu le plus singulier du monde entre à reculons dans l’Histoire.
Au demeurant, pour épargner le Sénégal d’une crise majeure ; qu’il daigne ne pas mettre le Conseil constitutionnel sous une pression autant dangereuse que sans objet. Il a épuisé son plein de mandats. Il doit quitter fût-il le meilleur Président. En effet, sa seule option -et la seule qui vaille du reste- est d’organiser et de faire organiser des élections libres, régulières, sincères et transparentes en amont et en aval dans le respect du calendrier républicain. Est un exemple patent parmi tant d’autres, la fixation unilatérale à hauteur de 65 000 000 f CFA de la caution pour laquelle le Sopi vitupérait hier. Heureusement, le ridicule ne tue pas. Aujourd’hui, les Sénégalais devaient commencer calmement le compte à rebours de la fin du mandat d’un Président qui ne se représente plus en apothéose et à l’unisson malgré un maigre bilan. Hélas, « le vieux renard en politique » en a décidé autrement après une volte-face dont il a seul le secret. Conforté en cela par des apprentis-sorciers qui ont une lecture de la Constitution qui frise l’athéisme d’Etat. Mais, il ne sera jamais plus futé que l’écrasante partie du pays. Il est impensable qu’au- delà des intentions voire des velléités qu’il ait des ambitions affichées au service d’un agenda caché mais éventré par les Sénégalais.
Ensuite, il n’a pas le droit de jeter l’opprobre sur un Sénégal étroitement surveillé dans les cercles droits-de-l’hommistes et les milieux diplomatiques. Il ne doit pas faire moins qu’ATT quoique Gorgui soit un cacique politique hors de son temps dans sa praxis malgré ses effets de manche scientistes et sophistes. Or, la marche du monde commande l’évolution des sociétés. Deux mandats, c’est fini. A contrario, le chaos annoncé par ses soins surviendra de son obstination inqualifiable. Comme quoi selon l’icône Nelson MANDELA «c’est toujours l’oppresseur, non l’opprimé, qui détermine la forme de la lutte. Si l’oppresseur utilise la violence, l’opprimé n’a pas d’autre choix que de répondre par la violence».
Aussi, tous les Patriotes, les Chefs religieux de toutes confessions, les Guides spirituels ; les Etats démocrates partenaires, les Organisations internationales, etc, doivent lui faire entendre la voix de la raison et emprunter la voie de la sagesse. Car, il s’agit moins d’aimer Wade que le Sénégal. C’est salutaire. Personne ne doit laisser sombrer cette terra senegalensis sans rien tenter par la seule faute politicienne d’un homme fort à lui tout seul. Eh oui ! Même pas des siens. Il a fini de faire le vide autour de lui. Il est absolument seul dans son dessein. La seule constante joue du syndrome ivoirien ; lui qui peut faire l’économie d’une crise majeure. Seuls ses sujets, les variables dont plusieurs sont meurtris peuvent faire avorter sans confrontation son projet. En le quittant tout simplement. En quittant le maitre de la rente.
En définitive, le Maitre du Je doit se ressaisir, faire preuve de hauteur, de grandeur, d’élégance et de classe. Empruntons à Pier Luigi BERSANI du Parti démocratique italien cette interrogation contre BERLUSCONI pour l’adapter sous nos tropiques « Existe-t-il un seul motif compréhensible aux yeux du monde pour que reste au pouvoir » Gorgui après l’élection présidentielle du 26 février 2012 ? Assurément non. La paix du pays est à ce prix.