Le mal est déjà fait, Gakou s’apparente à un mouton immolé qui se débat. C’en est fini de ses ambitions politiques à court terme. Il gagnerait davantage de son compagnonnage avec Niasse même s’il lui faut surseoir pour le moment à ses désirs. Tout au plus, il acquiert de ses rebuffades, une posture de méritant, respectable certes, mais contre-productive sans l’appareil progressiste. Cela s’applique également à Khalifa Sall, il l’a d’ailleurs compris, il veut le PS comme échine dorsale, mais surtout comme créneau de légitimation.

On n’arrête pas la mer avec ses bras, les caciques récalcitrants de l’échiquier politique sénégalais ont raté l’occasion de sortir par la grande porte pour avoir combattu et précipité Abdoulaye Wade jusqu’au déshonneur. Ils ne savent toujours pas que Wade n’était pas seul destinataire du message populaire de ras-le-bol. Le slogan de rupture leur est tout aussi opposable pour leur paternité exclusive sinon préférentielle du système de prédation des deniers publics et de l’abaissement des mœurs politiques.

Tout à son honneur, Moustapha Niasse se montre très cohérent dans sa démarche précise et son engagement constant auprès du président de la république. Tout de même, son parti ne se confond pas à sa propre personne, il a vocation à conquérir le pouvoir. En sa qualité de chef, il engage la responsabilité de ses camarades nullement liés par ses désillusions et, encore moins, par ses scrupules de fin de carrière. C’en est fini de cette façon seigneuriale de régenter les formations politiques à l’image des patrimoines bâtis.

La guerre de Colobane aura-t-elle lieu ? Rien de moins sûr, Khalifa Sall opte pour le beurre et l’argent du beurre. Voilà un homme qui, en même temps qu’il prévient toute accusation critique des batailles de leadership, ravitaille en douceur l’opinion de ses ambitions de légataire et de commandant de bord. À la faveur des initiatives de militants et de citoyens acquis à sa cause, il parvient sans trop de remous à planter son chef, Tanor Dieng, de compromis et de conditions gagnantes. De la même manière, il confine sa potentielle concurrente, Aïssata Tall Sall, au second rôle par la force d’une popularité sans cesse grandissante.

Khalifa Sall sait ce qu’il fait, Malick Gakou fait ce qui se fait quand on refuse. Le premier dit : Ah oui ! Le second dit : non. À leurs départs du Parti Socialiste, Djibo Kâ avait réussi à mobiliser par compassion et Niasse avait convaincu par consistance. Entre temps, les sénégalais sont devenus trop cyniques et assez regardants sur la capacité de vaincre. Ils se décident et votent selon les aptitudes affichées au succès et à l’action. Sans leurs structures partisanes respectives ni alliance des déshérités, Gakou comme Khalifa feront mal, mais pas assez pour supplanter les aînés.

Niasse et Tanor, barons de leur État, ne doivent leur survie politique qu’à leur capacité à étouffer l’alternative qu’offrent les générations montantes. À l’endroit du parti au pouvoir, leur salut tient en partie à leur disposition à recaler d’ambitieux camarades dans les rangs de la majorité silencieuse. C’est paradoxalement de leurs flancs, qu’émergent les redoutables challengers de Macky Sall, parrainé attitré. Pourquoi pas? Une coalition Khalifa-Gakou peut faire très mal parce qu’elle revêtirait, si bien instruite, le manteau de Parti Socialiste original.

Birame Waltako Ndiaye

waltacko@gmail.com

 

 

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