Dans une série d’articles qui devront constituer la mouture d’un livre, l’auteur remonte dans l’histoire aux Etats, semi-Etats et autres cités Etats dont l’Islam était l’étendard. Jusqu’à ce que, face à la puissance de feu du Colonisateur, ces combattants armés de coupe-coupe, de sabres, d’épées et autres sagaies se soient vus défaits. Sous la bannière de l’Islam.

Une mauvaise situation, du reste, comme en convint Le Roi Hassan II, lors d’une conversation avec l’auteur en décembre 1985, à son Palais de Rabat.

La défaite des Almamys les a amenés à adopter une stratégie de résistance. Dont le modus operandi était la création d’écoles-villages- daaras qui formaient des élèves, futurs guerriers prêts pour une éventuelle reconquête du pouvoir qu’ils ont perdu. Lorsque les conditions le permettront !

C’est ainsi que des daaras se sont formées çà et là : au Fouta, au Djolof, au Saloum et au Baol. Les trois les plus célèbres étaient celles de Pire, de Keur Maba Diakhou Ba et, plus tard, celle de Coki.

La confrérie Khadr, qui était la première à s’installer, offrait un cadre de rassemblement multi daaras. Cette confrérie, comme toutes les autres, portait l’architecture d’un ordre militaire. Hiérarchisé et discipliné. La Tidjanyah qui est venue après n’a pas dérogé à la règle.

Son épanouissement était tellement fulgurant que certains dignitaires de la Khadrya, comme Cheikh Maal Ayni, frère de Cheikh Saad Bouh, se mirent à donner le Wird Tidiane. Sans, pour autant, s’affilier à la confrérie. Encore moins quitter l’ordre Khadrya. Alors que la Tidianyah est monopolistique !

Toujours est-il que l’enseignement initiatique a pris le pas sur celui coranique. La participation au Jihad était l’une des conditions d’accéder à l’ordre de la Tidianyah. C’est pourquoi tous ses grands chefs ont eu à prendre les armes. Essayant, ainsi, de bouter le colonisateur hors du territoire.

El Hadj Omar était le premier de ceux-là. Il en fut de même de Maba Diakhou Ba, accompagné d’El Hadj Abdoulaye Niasse. La résistance continua jusqu’à Cheikh Amala.

La résistance de Cheikh Amala et celle de Cheikh Ahmadou Bamba se ressemblaient, à bien des égards. Notamment par leur système économique et commercial. Le vestimentaire, comme la tenue Baye Lahat, portée par les Soninkes de la Tidianyah 11 graines, n’était pas en reste.

Les confréries Khadria et Tidianyah cultivaient une telle adversité au point d’adopter une démarche qui consiste à s’annihiler mutuellement.

Avant que Cheikh Ahmadou Bamba ne remit l’équilibre en appelant à un syncrétisme confrérique. Dans ses écrits et dans sa pratique.

Lui-même avait pensé prendre les armes avant de s’engager définitivement dans la lutte non violente.

Tout ce qui vient d’être dit, et qui s’ajoute au boycott de l’école coloniale et post coloniale, tend vers la création d’une alternative crédible au système provenant de la domination française et européenne.

Les démarches consistant à nouer des alliances politiques pour
soutenir des candidats aux élections ne sont, en réalité, que des combats tactiques pour une mise sous coupe ou, en tout cas, une entrave à la marche de l’occidentalisation.

Plus tard, nous allons visiter les points négatifs dans ce tableau. Matérialisés par des dissensions quelques fois violentes et qui sont autant de ralentisseurs à l’atteinte de l’objectif poursuivi depuis des siècles. La naissance d’une citoyenneté dite de la société civile n’en est pas moins une autre entrave aux objectifs maraboutiques et confrériques.

La « dynastisation » outrancière du leadership islamique au détriment du savoir acquis est également une épine de taille au pied de l’Islam senegalensis qui cherche à s’émanciper du joug colonial.

Donc, des chaines qui demeurent, même rouillées, des entraves à la dignité de la femme et de l’homme africains.

Nous nous trouvons, alors, devant des choix difficiles. Les uns aussi mal aisés que les autres. A moins d’un évènement aussi brutal qu’inattendu qui réveillera les consciences et nous dessinera, d’une manière claire et nette, l’objectif en question. Tel que Ila Charlie de magnitude supérieure.

Cependant, le temps travaille contre l’Islam confrérique pris en étau entre l’extrémisme du terroriste et l’athéisme, le semi athéisme, la mécréance, le libertinage prônés par la société civile.

Un tel évènement constituerait la couveuse porteuse d’un leadership messianique. Mais conscient et éveillé cette fois-ci. Rassurant pour les uns comme pour les autres.

Ce qui constituerait une condition sine qua non pour l’avènement si proche et si loin de l’Etat en question.

Le plan B de l’Occident consiste à installer une autorité étatique dont le discours islamique est non extrémiste. Le plan du CNRS français exprimé par Coulon consistait à installer une mouvance tripartite composée de religieux, de militaires et de politiques pro-occidentaux. Rappelons qu’en Turquie le plan américain a consisté à installer les grands Moukhadams et autres cheikhs de la confrérie des Derviches Tourneurs de la cité de Konya.

L’approche de l’Ambassadeur israélien à Dakar peut être lue comme un ballon de sonde allant dans ce sens. Les visites des ambassadeurs occidentaux aux Khalifes Généraux, devant la recrudescence du djihadisme, relèveraient de la même démarche.

Si ces plans n’aboutissent pas ce sera l’’évanescence du rêve islamo maraboutique et le non aboutissement des innombrables prières de nos saints. Dont le symbole Ila Touba, Ila Tivaoune, Ila Kaolack, Ila Ndiassane est aux antipodes des slogans anti prophétiques et donc anti maraboutiques. Ce sera, alors, la porte ouverte pour que ces caricatures puissent descendre du Prophète (psl) vers ses serviteurs. Le choix devant être clair : sanctifier le Prophète et ses serviteurs ou alors les ridiculiser par la satyre, station finale de l’autoroute Ila Charlie.

AHMED KHALIFA NIASSE

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