Mbeuleukhé troisième commune du département du département de Linguère après celle de Linguère et de Dahra est située au Nord Ouest des villes de Linguère et de Dahra, Mbeuleukhe fait partie intégrante de la zone sylvo-pastorale du Ferlo. Elle est limitée au Nord, à l’Est et au Sud par la communauté rurale de Yang Yang et à l’Ouest par la communauté rurale de Mboula.
Le premier élément qui vous frappe dès que vous entendez parler de Mbeuleukhé c’est son aspect religieux qui est l’œuvre d’un grand homme de dieu, un charismatique, un moukhadame d’EL HADJI MALICK SY nommé EL HADJI DAOUDA DIA (rta).
Géographie physique
La quasi-totalité de son substrat géologique est presque entièrement constituée par les formations gréso-argileux du Continental Terminal qui recouvrent localement des calcaires de l’Eocène inférieur (Léprun, 1971). C’est un modelé très monotone constitué d’ondulations sableuses de quelques amplitudes appelées « dunes rouges Ogoliennes ». Cette vaste plaine, qui s’abaisse lentement vers le nord et à l’ouest, est à peine incisée par une vallée fossile (basse vallée du Ferlo).
Le climat est de type sahélien continental, caractérisé par deux saisons bien distinctes. Une saison sèche longue de 8 à 9 mois une saison sèche de 4 à 3 mois. Les pluies, comprises entre 200 et 500 mm, sont irrégulière dans le temps. Les températures varient entre 20 et 30°C en janvier et atteignent 45°c au mois de mai. Pendant cette période, le vent est chaud, sec et brulant (harmattan ou « m’boyo »).
Dans le domaine hydrique, deux nappes souterraines de qualité et de profondeurs variables ont été découvertes par Dégalier (1962). Il s’agit d’abord de la nappe du Maestrichtien qui, se situant entre 80 et 500 m et celle du Continentale Terminal avec une épaisseur variant de 10 à 30 m. Mbeuleukhe est traversée par la vallée fossile du Ferlo remise en eau depuis 1993 à partir du lac de guiers. Mais pour des raisons de gestion de la ressource en eau du fleuve Sénégal, les vannes construites à l’amont du cours d’eau (Ker momar sarr) ont été fermées. Désormais, la vallée n’a d’eau à Mbeuleukhe qu’en hivernage lorsque les pluies sont abondantes. Ainsi, on y retrouve des mares dont la durée de vie ne dépasse pas deux mois après l’hivernage.
Pour les sols, nous insistons sur la connaissance locale et les termes toponymiques qui expliquent bien les connaissances empiriques et traditionnelles. Les principaux types de sols sont :
–« Dior » : ou sols ferrugineux non lessivés, sont situés au sommet et versants des dunes rouges et sur les grés du CT, à texture sableuse, perméable et bien drainée. Ces sols, faciles à travailler et sont le domaine de l’arachide, du petit mil, du « niébé » et du « béref ». Les pratiques culturales et le passage des troupeaux après la récolte ont fortement altéré ces sols en détruisant la structure des horizons superficiels et en exposant ainsi les particules fines et meubles au vent et au ruissellement.
–« Dek » ou terre silico-argileuse au ton gris ou brun, moins pauvre en matière organique que les sols « Dior » et moins perméable. Du fait de la présence de l’argile et du limon, ces sols sont propices aux cultures maraichères.
–« Bardial » est formé de terres argilo-siliceuses, brunes, imperméables. Il était, jadis, très convoité et consacré à la culture de mil qui était l’aliment de base des populations.
–« Baydé » est formé de sables fins. C’est l’équivalent du Fondé de la vallée du Sénégal. La présence de haies vives constituées de « Salanes » explique l’engouement qu’avaient les populations sur ces terres. Il est généralement recherché tant pour la culture du mil que pour celle de l’arachide.
-A ces principaux types de sols s’ajoutent plusieurs variétés qui résultent de leur combinaison : « Dek-dior », « Bardial-dior » etc.
La végétation est une savane claire peu boisée, dominée par des épineux. Elle apparait en fin de saison des pluies, selon Poupon.H(1980), comme « un tapis herbacé d’espèces principalement annuelles, parsemé d’arbres et d’arbustes ». Dans la strate herbacée, prédominent des espèces annuelles de type graminéen, d’une hauteur de 50-80 cm : Cenchrus biflorus (khoa-kham), Schoenefeldia gracilis (genu golo), Aristida mutabilis (selbere), Zomia glochidiata (ndague), Pennisetum pedicellatum (baket), Eragrotis tremula (salguf, pardieumeut).
La strate ligneuse se compose d’arbustes (5-6m) et d’arbres (7-14m) plus ou mois espacés, dominée par Acacia raddiana (seing), Acacia seyal (surur), Acacia nilotica (neb-neb), Acacia senegal (werek), Balanites eagyptiaca (sump), Sclerocarya birrea (ber).
Géographie humaine et économique
L’étude de la population et des activités économiques de la commune de Mbeuleukhé va permettre de comprendre la répartition de la population mais aussi sa composition ainsi que sa dynamique organisationnelle.
En 2010, la population de Mbeuleukhé était estimée à 2079 et comptait 228 ménages. Cette population est composée de 99% de Wolof. Mais, on y trouve également des maures, des peulhs et des séréres. La cohabitation inter-ethnique laisse apparaître des conflits dont certains sont souvent liés à la divagation des troupeaux des Peulhs dans les champs Wolofs. Ces conflits sont pour la plupart réglés à l’amiable au niveau local. Au cas où les conflits ne peuvent pas être réglés a l’amiable, ils sont transférés à un niveau plus haut.
Cependant, il existe un élan de solidarité et d’entre aide mutuelle entre ethnies lors des cérémonies, catastrophes, sous forme de matériel ou en espèce.
Toutefois on constate que dans la commune le mariage est presque exclu entre Wolofs et Peulhs. Ceci est lié a un principe de maintient et de préservation des coutumes et non à l’existence de tendances inter-ethnique.
La religion de l’islam est la seule reconnue dans la commune, et les fidèles sont, dans leur totalité, de la confrérie des tidianes. Mbeuleukhé demeure un foyer religieux important dans la région avec son « Gamou » annuel qui draine des populations venant de toutes les régions du Sénégal, et de l’étranger.
La commune est très marquée par la présence de la famille religieuse des DIA. Le Khalife jouit d’une grande autorité que lui confèrent les habitants et les populations des villages environnants. Il constitue la personne morale suprême dans les relations inter personnelles.
Le guide religieux est une autorité charismatique; il est informé de tout ce qui se passe dans la localité. Cependant, il se départit toujours de la gestion administrative et politique qui revient de droit aux autorités locales.
Les migrations sont aussi très développés dans cette localité et peuvent être résumés en deux types : les migrations saisonnières souvent temporaires et les migrations internationales.
Pour le premier cas, il concerne essentiellement les jeunes (hommes et femmes), et les adultes. Ces migrations se dirigent vers la capitale Dakar, et d’autres villes comme Kaolack, Touba, Saint louis, Mbour…
Pour le deuxième cas on note des déplacements de la population vers l’étranger. Les destinations sont essentiellement la Côte d’Ivoire, la Mauritanie, l’Italie, l’Espagne, la France et les USA.
Sur le plan économique, l’agriculture demeure la principale activité des populations. Elle est pluviale et orientée vers des cultures comme l’arachide (Arachis hypogea), le niébé (Vigna unguiculata), le beref (Colocynthis citrullus) et le mil (Pennisetum typhoïdes). Cependant, l’élevage et le commerce occupent également une place économique important durant toute l’année. L’élevage est de type extensif et le cheptel est composé de bovins, ovins, caprins, asins, et de la volaille.
Enfin, les productions forestières de ce milieu naturel sont constituées essentiellement du fourrage ligneux, du bois de chauffe, et des produits de cueillettes.
L’exploitation du charbon de bois, du bois artisanal, et service quoique interdite, se pratique frauduleusement. Les seules productions forestières autorisées proviennent de la cueillette dont les principaux produits sont la gomme arabique (fruit d’Acacia senegal), le sump (fruit de Balanites eagyptiaca, le siddem (fruit de Ziziphus mauritiana), et le pain de singe (fruit d’Adansonia digitata).
De manière générale, l’économie de la commune, basée essentiellement sur le pastoralisme, l’agriculture et la sylviculture, est à dominance du secteur primaire.
Cependant, ce secteur n’a pas toujours donné les résultats escomptés du fait de sa forte dépendance des aléas climatiques.
Auteurs :
Gallo Dame Niang Master1 Géographie
Ahmadou Lamine DIA Géographe Environnementaliste Spécialiste en Gestion des Ressources Naturelles & en Évaluation Environnementale
Références :
Dia, M. A. L (2005) : Evaluation d’incidences sur l’environnement des actions de remise en eau de la basse vallée du Ferlo : exemple de la communauté rurale de Mbeuleukhé, Mémoire de Maitrise, option : Environnement, UGB, Saint-Louis.
DEFCCS. (1999) : Zone Éco géographique Sylvo-pastorale du Ferlo, Appel au Programme de Foresterie Rurale du Sénégal (FAO: CCO/SEN/042/NET).
Dégalier, R. (1962) : hydrogéologie du Ferlo septentrional (Sénégal). Mémoire du BRGM, éd technip, n°19.
Lake, L.A et al. (2000) : Ecographie du Sénégal subsaharien et développement (projet Ecosen), IFAN-labo de géo, UCAD, Dakar.
Léprun, J.C. (1971) : nouvelles observations sur les formations dunaires sableuses fixes du Ferlo nord occidental (Sénégal), ASEQUA (Sénégal), n°31, p69-78.
Faye, Marie.Paul.Sali. (2006) : analyse des intensités de pluies dans le Ferlo Sénégalais-station pluviométrique de Linguère (1967-2000), mémoire de métrise, UCAD, Dakar, 67p.
Poupon, H. (1980): structure et dynamique de la strate ligneuse d’une steppe sahélienne au nord du Sénégal, ORSTOM, Paris.
Sané, A. (1985): Contribution à l’étude des communautés végétales ligneuses du Ferlo, Mémoire de DEA d’écologie, centre d’ORSAY, Université de Paris-Sud.
Timéra, M.B. (1998): L’impact de la remise en eau sur l’appropriation des espaces fonciers dans le bas-Ferlo : le cas des communautés rurales de Mbeuleukhé et de Mboula (Sénégal), Mémoire de maitrise, UCAD.