Privé de place dans l’attaque des Lions à la Can 2015 prévue sous peu en Guinée Equatoriale, Demba Bâ déplace ses salves sur le plan des déclarations. Le premier à en faire les frais est le sélectionneur français de l’équipe nationale.
Le joueur sénégalais sociétaire de Besiktas en Turquie décrit Alain Giresse comme « une marionnette » dans une interview accordée à Stades ce lundi. Pour lui, « certaines décisions sur les listes, ce n’est pas Giresse qui les prend. Giresse est un coach qui ne sait pas quoi faire dans les vestiaires.
Après le match perdu en Tunisie, il était dans les vestiaires, hagard. Il ne sait pas par où commencer son speech ». Et d’asséner : « je dis qu’on n’a pas affaire à un coach mais plutôt à une marionnette ».
En 7 ans de présence en équipe nationale, vous n’avez marqué que 3 buts. Ne pensez-vous pas être victime de votre inefficacité ?
Il y a de la concurrence en équipe nationale. Mais tout le monde sait ce que je suis capable de faire. Partout où je suis passé, j’ai marqué des buts importants, même en sélection. Peut-être qu’il y a des personnes chez qui ça fait chaud au cœur si je ne marque pas. Partout où je suis passé j’ai marqué. Pourquoi j’ai marqué ? Parce que j’ai eu des coaches qui me mettent dans de bonnes conditions. Mais au Sénégal, avec Alain Giresse, je ne peux être décisif parce qu’il ne prend jamais ses décisions. Il faut du caractère pour pouvoir gérer des joueurs de caractère. Pour marque des buts, il faut être titulaire. On dit qu’il a fait autant de match, il a fait ceci ou cela. Mais quand un attaquant joue des boues de matchs, il est difficile pour lui de marquer des buts. Après, je ne dis pas qu’en équipe nationale mon ratio est exceptionnel, mais je ne pense pas que les autres qui sont en équipe nationale aussi ont un ration largement supérieur au mien.
Vos blessures récurrentes ne sont-elles pas aussi en cause, récemment Giresse a fait savoir qu’après chaque journée vous avez un régime spécial à suivre ?
Ecoutez, il ne faut pas qu’Alain Giresse se cache derrière les blessures. Il y a quelques années, j’ai été victime d’une fracture à la jambe. Mais là, j’ai passé trois ans et demi ou quatre ans en Angleterre, je n’ai loupé que deux matchs pour cause de blessure. Je ne me rappelle pas avoir loupé un match à Newcastle pour cause de blessure et je ne me rappelle pas non plus avoir loupé un match à Chelsea pour cause de blessure. Dans le championnat le plus compliqué du monde. Je suis arrivé à Besiktas (Turquie), j’ai eu deux petites blessures, Giresse s’est servi de la première pour ne pas me convoquer en équipe nationale. Il a dit en conférence de presse que Demba Ba était blessé. Non, je pense qu’il aurait dû sortir une autre excuse, les gens allaient comprendre. Deux jours après cette déclaration, j’ai marqué des buts. Se cacher derrière les blessures, je dis qu’il est bien gentil, mais il ferait mieux de trouver une autre excuse. Il dit que je ne peux pas jouer des matchs en l’espace des trois jours. Cette année, j’ai mis huit buts en Coupe d’Europe et autant en championnat. Et pour participer à ces compétitions, il faut jouer les jeudis et dimanches n’est-ce pas ? C’est ce qu’on appelle jouer tous les trois jours. Et pourtant je suis toujours là. Mieux vaut dire les vraies raisons que de raconter des histoires. Parce que même moi, je ne connais pas les vraies raisons. Si c’est parce qu’il n’aime pas ma gueule, Giresse n’a qu’à le dire. Il n’a aucune raison de sortir des excuses parce que c’est faux.
Demba Ba n’est-il pas un élément perturbateur du groupe. Certains soutiennent que vous êtes le seul binational à refuser de s’intégrer et à créer des problèmes ?
Non, ce n’est pas possible. Allez demander à tous les joueurs que j’ai croisés en équipe nationale si moi j’ai un seul jour fait quelques chose contre le groupe. Demandez aux joueurs si Demba à une fois perturbée le groupe, vous verrez la réponse. Je peux vous filer le numéro de tous mes coaches, que ce soit José Mourinho, Rafael Benitez à Chelsea, Avram Grant à West Ham ou Alan Pardew à Nescastle pour leur demander si Demba est un leader dans un groupe ou s’il fout le bordel dans l’équipe et vous verrez la réponse. Et comme je l’ai dit hier (vendredi) dans mon tweet, chaque excuse qu’il va sortir, je vais la détruire. Parce que je ne suis pas là pour rigoler avec les intérêts du Sénégal, avec ma crédibilité. Vous me posez la question sur la bi-nationalité. Ça fait mal au Sénégal et dans la Fédération. Heureusement, entre footballeurs, on s’entend bien. Un joueur comme Dame Ndoye, on s’entend énormément et je l’apprécie super bien et comme beaucoup d’autres. Entre joueurs, il n’y a pas d’animosité. Mas quand la Fédération fait les choses à l’inverse… Quand un joueur né au Sénégal nous voit serrer la main de certains membres de la Fédération, il nous dit : écoutez, je suis étonné que vous seriez la main de ce monsieur parce qu’il raconte n’importe qui sur vous, il vous sourit et derrière il est en train de vous tuer. A la télé ou dans les radios, il n’arrête pas de parler de « l’investissement déplorable » des binationaux. Aujourd’hui, Alain Giresse dit que ceux qui parlent dans les journaux doivent assumer. Qui est ce qui ont parlé ? Moi, j’ai parlé dans les journaux, Diafra Sakho a parlé et Issa Cissokho aussi. Parmi ces trois, il y en a un qui est né au Sénégal et y a grandi, les deux autres sont nés en France et y ont grandi. Qu’est ce qui ne sont pas sur la liste aujourd’hui ? Ce sont les deux binationaux. Entre joueurs on s’apprécie énormément, mais voilà la Fédération…Moi, j’ai fait sept ans dans cette équipe mais je ne peux pas vous sortir une petite évolution positive. Il faut que le coach pense à l’avenir du Sénégal et des sénégalais parce que si le Sénégal gagne, les sénégalais seront heureux. Malheureusement aujourd’hui, il est en train de tout faire pour que le Sénégal ne gagne pas.
Il parait que vous êtes pris la tête avec le président de la Fédération, Me Augustin Senghor. N’êtes-vous pas en train de payer cela ?
Vous savez, j’ai travaillé avec José Mourinho. Tout le monde sait que ce n’est pas un tendre mais même s’il ne t’aime pas et qu’il sache que tu peux lui faire gagner il te met sur le terrain sans problème. Parce que lui, son objectif c’est de gagner. Il ne dit jamais celui-là je ne l’aime pas par conséquent je ne le fais pas jouer. Non, lui, c’est un professionnel qui connait le football, tout le contraire de Me Augustin Senghor qui ne peut même pas me sortir la règle du hors-jeu dans la situation ou le gardien est sorti. S’il arrive à le faire je serai très content. Je me suis accroché deux fois avec Augustin Senghor. Une fois parce que l’ancien Ministre (Malick Gakou) est passé à l‘entrainement. Je vais expliquer parce que je n’ai rien à cacher et que les sénégalais doivent tout savoir. Quand l’ancien ministre nous trouve à Dakar Sacré-Cœur après une séance d’entrainement, il nous dit : ne vous inquiétez pas, vous aurez tous vos remboursements et autres primes. Moi quand je viens en équipe nationale, je perds plus d’argent que j’en gagne parce que j’aime mon pays. Quand le ministre fait sa déclaration, je l’interpelle pour lui dire qu’on avait toujours entendu les mêmes discours de la part de ses prédécesseurs. Et je lui ai dit que quand le coach nous convoque lundi et que moi j’arrive jeudi est-ce que vous serrez content ? C’est là ou Augustin Senghor est intervenu pour m’interrompre. Je lui ai fait comprendre que ce n’est pas à lui que je parlais et qu’il n’avait pas le droit de m’interrompre, qu’on ne doit rien cacher au ministre. Après ils disent que j’ai manqué de respect. Entre nous, est-ce qu’on respecte la personne en lui coupant la parole pendant qu’elle s’exprime. Pourtant, je parlais avec respect au ministre, un homme d’état. J’avais l’occasion de parler avec le ministre et je me dis il faut en profiter pour lui expliquer le fonctionnement. Même pour l’obtention des billets ‘entrée, c’est un véritable casse-tête. Moi, ma famille et mon fan’s club viennent du Fouta. Pour les autres, ils viennent d’ailleurs de Ziguinchor, de Sédhiou et partout dans le Sénégal. Par respect à ces gens qui se déplacent pour nous, nous devons au moins leur donner les billets d’entrée deux jours avant le match plutôt que d’attendre le jour du match alors même que l’on est en pleine concentration.
Après tout ce qui s’est passé, comment envisagez-vous votre avenir en sélection nationale ?
Ça c’est une bonne question, mais je ne me la suis pas encore posée. Cependant, je ne tarderai pas à le faire. Si c’est pour aller travailler avec des incompétents ce n’est pas la peine. Comme je l’ai dit, ça fait sept ans que je suis en sélection, mais je me rends compte que tout ce qu’El Hadji Diouf disait est pure vérité. Pourtant certains pensent que Diouf en fait trop, que c’est un marginal, non au contraire c’est un monument du football sénégalais. Il n’a dit que la vérité. Les problèmes que El Hadji Diouf ont toujours soulevés et dénoncés sont encore d’actualité. Concernant Me Augustin Senghor, on s’est pris la tête à deux reprises et comme je vous l’ai dit, je ne vais rien vous cacher parce que je ne suis pas un menteur. Notre deuxième problème c’est le jour où j’ai raté le penalty contre l’Angola à Conakry. A la fin du match, il y avait certains joueurs qui devaient prendre l’avion pour repartir le même jour dans leurs clubs. Le président Augustin Senghor vient nous dire que les primes étaient là (à Conakry) mais qu’elles étaient dans le coffre de l’hôtel. On lui dit de faire venir le responsable de l’hôtel pour décanter la situation. Il nous redit : non, la devise est en CFA. Vous pouvez demander à tous ceux qui étaient présents. On lui dit tant mieux car si on gagner les primes restent au Sénégal, pour la famille. Il nous redit non ce n’est pas possible. Ce n’est que le lendemain matin que le coach Alain Giresse s’est présenté avec les primes et en euros. Pourtant la veille, Augustin nous a dit que les primes étaient en CFA. Ce qui est bizarre c’est que quand on parlait au trésorier, il nous répondait sèchement : je n’ai aucun compte à vous rendre. Derrière, le coach est resté un an sans m’appeler en sélection. S’il n’était pas téléguidé par la Fédération, il n’allait pas me laisser à quai alors que je suis actuellement le meilleur buteur sénégalais dans toute l’Europe et que j’ai manifesté le désir d’aller défendre les couleurs de mon pays à la Can 2015. Il ne ‘a pas sélectionné pour quoi ? Parce que j’ai du caractère. Et pour gagner, il faut des joueurs de caractère. C’est ce caractère-là qui fait que je n’ai jamais eu de problème avec un joueur dans les vestiaires. Vous pouvez demander à qui vous voulez.
Pensez-vous que, sans vous, cette équipe sénégalaise fera bonne figure à la Can ?
Bien sûr. C’est pourquoi je suis meurtri par certaines décisions. J’y crois fermement. Cette équipe est jeune et pleine de talents même si elle manque un peu d’expérience. Nous avons une belle génération. Moi, je profite de cette occasion pour souhaiter un bon parcours aux joueurs parce que nous aimons tous le Sénégal et nous savons combien les sénégalais souffrent quand l’équipe ne gagner pas. J’espère que tous les joueurs donneront le meilleur d’eux-mêmes et tireront dans le même sens pour rendre heureuse notre chère population qui croit toujours en nous.