La conjonctivite une maladie bien connue des Sénégalais depuis des années réapparait. Elle se caractérise par un picotement aigu des yeux rouges et fait souffrir le patient avec la lumière

Les yeux rouges et larmoyants, mouchoirs en papier à la main, Hamda n’arrête pas de soulever un coin de ses lunettes de soleil pour se nettoyer la taie. Depuis mercredi, il a fui son bureau. Il ne supporte plus la lumière. Le picotement avait commencé un peu plus tôt, lui laissant l’impression de grains de sable dans les yeux. Hamda ne s’était pas fait d’illusions. Il s’attendait presque à contracter la conjonctivite depuis que, la semaine dernière, il avait vu sa fille de 7 ans et l’ainé de cette dernière se détourner systématiquement de la télévision, eux qui sont si accrocs de programmes de divertissement.
 

Son épouse l’avait prévenu, mais il n’avait pu résister au plaisir de serrer la main des petits, alors qu’il rentrait d’une journée de travail mardi. Au réveil mercredi matin, ses paupières ont refusé de se détacher de la taie. Le mal était déjà dans la maison et le chef de famille n’est qu’un maillon d’une chaine qui peut tarder à se rompre avant que tout le monde soit obligé de prendre sa part de collyre ou de passage chez le médecin.

Revoilà donc « Apollo », selon la terminologie sénégalaise vielle de l’époque où les astronautes de l’Agence Américaine ramenaient des cailloux du sol lunaire. Ceux qui ne pouvaient accepter que la NASA ait pu envoyer des hommes sur cette planète, prenaient plus tard une revanche en baptisant la première épidémie de conjonctive du nom du vol habité. De là serait partie l’appellation de « Apollo ».

« Oui ils sont allés dans l’espace et c’est la poussière de leur vaisseau qui a éparpille sur terre ces germes qui font si mal au contact de l’œil ». Une histoire à se réveiller sans pouvoir sortir de son lit le matin, parce que subitement on sent des picotements. La conjonctivite est donc de retour. Dans les familles comme dans les structures sanitaires, on voit… très rouge.

Maladie très contagieuse due à un entérovirus, la conjonctive « Apollo » survient sous forme d’épidémie qui serait favorisées par l’humidité et la chaleur. Selon le Dr Boubacar Sarr, Coordonnateur du Programme national de promotion de la santé oculaire (Pnpso), la transmission est surtout indirecte, essentiellement par la main.

Les signes cliniques sont dominés par la sensation de grain de sable dans les yeux enflés, rouges et qui larmoient.

Au réveil, les rouvrir devient un véritable supplice, car les paupières restent collées aux yeux par la substance sécrétée lors de cette infection. En outre, explique le Dr Sarr, l’évolution spontanée de la maladie se fait vers la guérison en quatre à cinq jours (moins chez les enfants).

Le Coordonnateur du Pnpso) recommande aux sujets malades de suivre un traitement afin de lutter contre la surinfection et de prévenir les complications. Car, a-t-il ajouté, la complication majeure redoutée est la survenue d’une kératite qui peut évoluer vers la formation de taie cornéenne, voir la perforation. Autrement dit un véritable risque d’altération définitive de la vue.

Pour éviter la survenue de la conjonctivite, le Dr Sarr recommande aux populations d’éviter de se frotter les yeux, de ne pas serrer la main au cours des salutations, de se laver régulièrement les mains, particulièrement pour ceux qui sont en contact permanent avec les billets de banque ou les pièces de monnaie (commerçant, agent de change….). Surtout, il déconseille les traitements traditionnels (décoction, jus de citron, eau de mer, etc.) Aller chez le spécialiste est plus que nécessaire, si aucune amélioration n’est constatée après quatre jours de traitement, a-t-il précisé.
 

Cheikh Tidiane MBENGUE

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