Malgré une prévalence de 0,5, l’évolution de la propagation du VIH est devenue préoccupante dans le département de Linguère.
Il ressort de la revue annuelle du comité départemental de lutte contre le Sida que 347 personnes ont été dépistées positives et 54 décès enregistrés au cours des 3 dernières années. Il s’y ajoute de nombreux cas de patients qui échappent au suivi médical à cause de la stigmatisation.
Le rapport du comité départemental révèle que la propagation du VIH se développe et touche plus "la gent féminine" que les hommes. Les statistiques parlent d’elles-mêmes ; dans le district de Linguère 39 femmes enceintes sur 5872 ayant effectivement été dépistées se sont révélées positives pour 9882 vues durant le premier contact de consultation prénatale ; 8 enfants sont nés de mères séropositives bénéficiant d’une prophylaxie A et 34 cas de décès enregistrés. Le district sanitaire de Dahra Djolof, lui, s’inquiète des résultats fournis par le dépistage des 5872 femmes enceintes pour 9882 vues pour les besoins de la consultation prénatale : 39 séropositives, 8 enfants nés de mères malades du VIH, 20 cas de décès.
Les blouses blanches et les populations sont d’autant plus anxieuses que de nombreuses personnes testées positives au VIH disparaissent des structures de santé. A Linguère il a été noté 23 cas de " perdues de vue" selon les termes du document du CDSL qui souligne les contraintes relatives à la logistique, l’insuffisance des équipements et de la formation des personnels médicaux et paramédicaux, la rupture fréquente de réactifs dans la prise en charge de PVVIH par rapport à leur bilan biologique, la faiblesse des OCB et autres relais sans oublier les collectivités locales dont les allocations budgétaires ne prévoient presque rien pour ce volet de la santé de leurs administrés vivant avec le VIH qui souvent accusent la non disponibilité de lait ou des lenteurs.
La stigmatisation est un des facteurs spécifiques ciblés par la plupart de nos interlocuteurs, qu’ils soient de la santé ou non, pour expliquer l’évolution de la pandémie au Djolof. En effet le document du CDLS de Linguère met en relief " les craintes de stigmatisation " pour tenter de justifier les" fuites" de personnes dépistées séropositives qui ne reviennent pas vers les structures de santé alors que d’autres fustigent "l’indiscrétion" de certains acteurs ou le système de suivi médico-social des PVVIH qui ne protège pas assez les patients contre ce phénomène.
Ainsi, Dr. Mbaye de recommander un renforcement des capacités d’ntervention notamment en équipement, personnels et communication. " Le mal de ce centre (Ndlr centre Magatte Lô estimé à plus d’un milliard) est l’insuffisance de personnels et le manque d’équipements. Il m’arrive très fréquemment de quitter mon bureau laissant une longue file de patients pour aller intervenir en urgence au bloc opératoire. cette situation s’est aggravée avec le départ de deux médecins dont le médecin-chef affecté à Rufisque. Son successeur est débordé par ses énormes charges administratives qui ne lui laissent presque plus assez de temps pour consulter !"
Du côté de Dahra Djolof, M. Birane Diop ne le contredit guère. Pour ce chargé de l’Education pour la Santé de la capitale économique du Djolof " il y a lieu de reconsidérer le choix des OCB et de renforcer leurs capacités ainsi que celles des structures et des personnels de santé en général." Une dame, la quarantaine, relais communautaire qui requiert l’anonymat, fustige le comportement peu honorable de certains acteurs et le peu de diligence apportée au traitement de la question du personnel et des équipements par les autorités décentralisées et la tutelle qui avaient promis de trouver des solutions rapides lors de son inauguration en 2005 par le président de la République. Le CDLS de Linguère recommande fortement une étude de recherche action sur les facteurs spécifiques de propagation du VIH dans la circonscription médicale.
Un rapide état des lieux de la carte sanitaire de Linguère donne une idée de l’ampleur de la demande et de l’insuffisance de l’offre en santé et soins de manière générale. Les 243068 habitants de ce vaste département durement éprouvé par un cycle de sécheresse ne peuvent compter sur la disponibilité, l’engagement et le professionnalisme de 5 médecins, 10 sages femmes, 25 infirmiers, 2 travailleurs sociaux et 2 dentistes répartis entre les 2 centres de santé Magatte Lô de Linguère et Elisabeth Diouf de Dahra Djolof qui polarisent 18 postes et 5 structures privées. Un seul dépôt de sang ! Pas de banque de sang ni de personnels qualifiés pour la transfusion sanguine. Un parc automobile constitué de vieilles voitures faisant office d’ambulance.
Masseck Seck