Abdoulaye Wade a bousculé, sans le préméditer, l’implosion d’un système politique fait de farces et de futilités. L’écouter est un délice, l’entendre miser sur les complexes d’opprimé nous répugne, le savoir scintillant indûment des faveurs de l’âge d’or afflige plus que tout. Figure emblématique et espoir perdu d’un éveil tant attendu, il demeure icône et continue de s’exciter à la guerre comme à la guerre. Qu’à cela ne tienne! Enfants désillusionnés, nous envisageons rupture et élancement vers des perspectives de conciliation entre une persistante soif d’allégeance et un manifeste devoir d’accomplissement.

L’avez-vous vu jugé, jaugé et ajusté aux principes keynésiens, à la déréglementation du marché ou à la rigueur budgétaire? Maître Wade ne fait office de rebelle que pour semer profondément sa graine, celle d’un virtuose hors rang. Selon que les principes économiques de production de richesses ou de croissance per capita lui sont favorables, il se renouvelle conventionnel à affranchi de toute prescription. Ainsi va sa vie d’habile champion politicien. Aussi simple que cela, s’entrevoie son itinéraire de baroudeur aux aboies, à la solde des tendances hasardeuses et populistes.

L’avez-vous espéré plus grand que père sentimental à la remorque d’un fils prodigieux, étrangement traqué solitaire? Le patriarche joue dorénavant son rôle de parent normal parce que la nation distraite n’a jamais distancé ses désirs d’homme ambitieux et spéculateur. Abdoulaye Wade, objectif sincère de réalisation et soupçon de surhomme, a mobilisé l’espérance de ma dupe génération sans jamais concrétiser l’amour officiel, finalité des luttes truquées. Cible de notre espoir révolutionnaire, il s’est révélé moins éminent, arriviste dans cette frénésie des espérances sans logique ni borne.

L’avez-vous imaginé ascendant précurseur, rassembleur et apaisé par l’imminence de la résurrection? Hey! Crédule mortel des nuits noires d’Afrique, es-tu sur le point d’imaginer la résurgence des pangols? Déchante! Reviens vite à la raison! Wade en veut à Macky, reproducteur de pratiques assimilées des faux-fuyants. Il ne s’agit que de rôle, que de roublardise, que de père et de son prolongement rodés et boursicoteurs. Voilà que deux gladiateurs, belligérants crypto personnels, se précipitent à qui mieux-mieux au simplisme de nous autres, victimes conciliantes.

Entre Abdoulaye Wade, légitimité d’exception et Abdoulaye Wade, aspiration à la droiture, il y a à sentir, à manger et à voir. Ce bagarreur représente le symbole autrefois gratifié et jusque-là survivant des fantasmes socialement plébiscités. Entre-temps, les sénégalais changent et les codes nouveaux d’affirmation vitale s’imposent de plus en plus. Ils aspirent, déchantés, à des gages de probité et d’engagement tout en s’arc-boutant non sans peine aux acrobates, illusionnistes politiques.

Avec Abdoulaye Wade, le débat continue de tourner autour de pour ou contre, sans ambition réelle d’aller jusqu’au bout du dépassement des obstacles à l’efficience de l’action publique. Cette superficialité du discours politique nous maintient en bourrique entre chantages et tournures démagogiques. Nous voilà encore en ballotage entre critique artificielle du présent et perspective superficielle d’émancipation. Vivement que l’état des lieux permette de sortir de l’anarchie ruineuse des intrigues à rendement nul.

Plus jamais ça! Nous l’aimons comme jamais nous avons scruté, admiré et adopté un homme en fanfare d’effets et d’impressions. Abdoulaye Wade, c’est l’amour d’une vie, c’est la déconvenue navrante, mais aggravée des craintes de rechute et de récidive. Il nous a servi de miroir et de catalyseur des tares et duplicités habituelles. C’en est assez. Pour cela, nous mettons en exergue son rendement et ses services rendus pour la catharsis de masse. Dorénavant, nous aspirons au renouveau, chantier de reconstruction d’un Sénégal moderne d’un équilibre fait de lucidité, de conjonctures et d’opportunités.

Birame Waltako Ndiaye

waltacko@gmail.com

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