Le sommet de la francophonie a servi de prétexte à tant de charges contre la France et à autant d’éclats craquelés des priorités et des défis d’arrimage aux exigences d’émergence. Cette manie naturalisée sénégalaise qui consiste à indexer autrui et alibi pour se délester victime et innocent n’a que trop durer. Le monde et les pratiques sont faits autrement d’intérêts à défendre et de fonction à assumer. La France est dans son rôle légitime de conquérante. Il nous revient de jouer notre partition utile et ultime : tirer avantage de l’infect ordre économique international avec plus de subtilité et moins d’émotivité.

La dignité ne s’acquiert pas à coups d’insultes et de reproches; elle arrive sans qu’on la réclame, grandissant en fonction des capacités à comprendre et à supporter l’adversité. Quid de cette francophobie tout bord tout côté? Elle est conduite par de bruyants conformistes aux allures de messies libérateurs, diseurs d’aventures. Elle est aversion puis emportement idéaliste déconnecté des enjeux économiques réels. La francophonie n’est pas négation de l’affirmation identitaire, elle est prétexte et espace d’entente dans l’ère des groupements géostratégiques.

Il suffit de s’indigner de la politique étrangère de la France pour paraître patriote et séduire au goût des va-t-en-guerre. Par réalisme, il s’agira de dépasser l’état fastidieux des plaintes et des complaintes débilitantes d’opprimés assidus. L’histoire ne peut être envisagée comme un bloc compact, elle est mouvement actif et perpétuel. Le défi n’est pas tant de porter un jugement de valeur vain sur les modèles superposés depuis belle lurette. Il est question de nous retrouver entiers et avisés dans le flot des courants, contraintes et confusions infligés.

Les formules et méthodes attrayantes apprêtées d’aigreur, de ressentiment et de faiblesse ne viendront pas à bout des défis criants de restauration de la dignité des pairs. Les vaines démarches de réparation et de révision passéistes conduisent illico à la haine, lien asservissant. Excusez ce bris d’affinité. L’arabe, langue empreinte de spiritualité, nous dépouille d’originalité et d’aisance au même titre que le français. Pour autant, nous l’acceptons comme partie intégrante du patrimoine culturel, sans coup férir.

La France ne doit pas, à elle seule, capter et mobiliser nos efforts contemporains d’autodétermination. Les français s’ajustent envers et contre tous à la tyrannie des termes mondialisés de coopération pour en tirer le maximum de gains. Leurs autorités assument leurs missions de défense des intérêts nationaux et de prêteurs d’illusions, à l’image de tout gouvernant responsable et fidèle. Quoi de plus normal?

Le plaidoyer aberrant de partenariat en faveur des pays arabes ou de la Chine comme s’il pouvait en résulter libéralités et sacrifices est broderie pour figurine. Il n’est que question de sous et de profits dans le jeu de la diplomatie et des marchés internationaux. Il nous faut intégrer notre condition de pays pauvres, repérer avec humilité notre position dans l’échelle des préséances pour mieux nous imprégner des réalités tordues des échanges et des rapports multilatéraux.

La posture chiffonnée de victimisation nous abaisse immatures et légers. Elle nous confisque toute virilité d’homme libre, confiant et exubérant. Menhir sur le levier vital et valorisant du développement économique, unique multiplicateur de renommée, de révélation et d’assurance. Il est possible d’assumer pleinement et entièrement notre hétéroclite héritage culturel sans compromettre notre équilibre affectif ni renoncer à nos identités distinctives.

Birame Waltako Ndiaye

waltacko@gmail.com

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here